Traditions Bressanes : la maison
De la hutte à la constitution de hameaux 1er
décembre 2007
La maison, symbolisation matérielle du noyau familial, est
depuis toujours ressentie par l’Homme comme l’élément sécuritaire et rassembleur.
Simple hutte ou structure plus élaborée, elle est durant toutes les périodes
de l’Histoire constituée de matériaux d’origine naturelle. On estime que les
premières habitations préhistoriques puis gauloises étaient de simples huttes
circulaires avec un foyer central dont la fumée s’évacuait par un trou pratiqué
dans la toiture.
C’est à l’époque gallo-romaine qu’apparaissent sur notre
sol bressan, comme partout sur le territoire de l’ancienne Gaule, des « villas
», ensembles agricoles importants en surface, organisés autour d’un bâtiment
central autour duquel gravitent de petites dépendances aux fonctions bien précises.
Mais
c’est à l’époque médiévale que se constituent les bases de nos hameaux et villages
actuels sur des emplacements nouvellement essartés, défrichés par des moines
venus s’installer, des moines paysans éclaircissant la forêt bressane et créant
les premiers étangs à des fins piscicoles. Les habitations se regroupent alors
et forment de petites localités dont certaines, possédant éléments de défense
ou chapelle, deviendront des bourgs. C’est également à cette époque qu’apparaissent
les noms de localités, les toponymes, liés à des particularités paysagères,
géographiques, d’usages, ou à des noms de personnes puisque parallèlement se
développent les titres de propriété et les patronymes, les noms donnés aux gens,
encore une fois selon une caractéristique physique, familiale…
Concernant
l’habitation bressane, il apparait très tôt qu’elle soit en pans de bois ou
alors en pisé, cette terre à bâtir, montée par coffrage, renforcée aux angles
par des chaînages verticaux de briques : on reconstruira ainsi, méthode peu
couteuse, au 19ème siècle. Quoi qu’il en soit, pans de bois ou pisé, illustrent
le fait que la pierre, matériau de construction par excellence, est belle et
bien absente en Bresse bourguignonne ou en Bresse de l’Ain. Si on en trouve
dans la région de Cuiseaux c’est car la Bresse jurassienne accrochée aux pieds
des monts du Jura en procure, alors que celle présente sous les arcades de Louhans
par exemple, notamment le calcaire de Préty, a été importée d’autres régions
le plus souvent par transport sur voies d’eau.
De l’assemblage et de l’architecture des maisons bressanes ressort un charme évident…
La maison bressane : bien mobilier et « maison de Lune » 8
décembre 2007
Autre type de construction donc, le pan de bois, appelé généralement
colombages et connu dans d’autres régions telles que l’Alsace ou la Normandie.
Plus qu’un élément décoratif, le pan de bois est la base de la maison bressane
puisqu’elle en constitue l’ossature. Assemblée par tenons et mortaises, chevillée,
la structure de la maison forme un ensemble, un squelette de bois où chaque
pièce et utile à la stabilité d’ensemble de la maison.
Le plus souvent en
chêne, l’une des pièces la plus importante des pans de bois est la « sole »
(ou soule, ou seule), pièce de bois dont dépendait autrefois la longueur de
la maison puisqu’il s’agit de la poutre formant la base de la structure. Posée
à même le sol puisque la maison bressane n’avait au départ pas de soubassement
(par la suite on en fit en briques, ou parfois en pierre), la sole devait être
enjambée afin de passer le seuil de la porte. Caractérisée par son aspect flottant,
la maison bressane ne supporte aucune section de ses bois mais a la particularité
d’être montable et démontable à merci du fait de son ossature en bois chevillé.
C’est
ainsi que la maison était autrefois assimilé à un bien mobilier, à ces « bastiments
levables de dessus leurs fonds » comme stipulé dans l’ouvrage de Charles Revel
en 1664, en ce sens qu’elle n’était pas fixe et pouvait être déplacée. De nombreux
exemples en témoignent notamment au cours du 17ème siècle mais aussi plus récemment
comme ce fut le cas pour la ferme des Mangettes à Saint-Etienne-du-Bois, déplacée
en 1983 et accueillant maintenant dans le même village l’un des espaces d’exposition
du site visitable « Maison de Pays en Bresse ».
Autre anecdote liée à la
construction en pans de bois et à sa rapidité d’exécution sur place : les maisons
construites en une nuit ou « maisons de Lune ». Dès le Moyen-Âge et jusqu’après
la Révolution Française si un couple (ou une personne) sans le sou décidaient
de quitter le domicile familial, ils pouvaient s’installer sur un terrain inculte
tel que landes ou communaux en une nuit. Si au matin la cheminée fumait par
un trou de la toiture, le terrain et la maison étaient leur propriété. Un tel
exploit était réalisable grâce à la construction en pan de bois : on préparait
l’ossature de la maison à part et lors d’une longue nuit d’hiver où la Lune
était claire (pour mieux voir dans l’obscurité, d’où le nom donné à ces maisons)
amis et familles montaient la structure par pan et l’on remplissait par la suite
les panneaux en torchis et l’on couvrait de chaume la toiture. La maison été
faite !
La ferme des Mangettes a pu être démontée puis remontée
grâce à son ossature en boisb
(photo : site Internet de Maisons de Pays en
Bresse).
Le pan de bois : élément de construction et de datation 15
décembre 2007
En vous baladant au gré de vos envies et des chemins sinueux
de Bresse, les maisons bressanes se dévoilent à vous, habillées de leurs pans
de bois. Un mur bâti selon la technique du pan de bois se constitue de travées
verticales formées par la sole au niveau inférieur, par deux poteaux assemblés
à celle-ci par tenons et mortaises et chevillés à la sablière haute, pièce parallèle
à la sole au niveau supérieur du mur. Au sein d’une travée, se joignent les
entretoises (pièces de bois horizontales), les coulmeaux (pièces de bois verticales)
et les écharpes (pièce de bois obliques).
Au fil des siècles et selon les
évolutions de l’architecture, les possibles influences, les nouveaux remplissages
des panneaux (nous appellerons panneaux ou trappans les espaces créés par les
pans de bois), la forme des pans de bois évoluent. Au départ, durant les 14ème
et 15ème siècles, de grandes écharpes en chêne de section importante traversent
de haut en bas les travées correspondant à un étage de la maison. Puis, dès
le 16ème siècle, on diminue l’importance et la longueur des pans se limitant
à l’espace laissé entre deux entretoises, mais on les multiplie afin de former
de plus petits panneaux : apparaissent alors des croix de Saint-André et les
pans à bâtons rompus, nom donné à la division des façades en cadres horizontaux
ponctués par de courtes écharpes obliques, positionnées alternativement pour
une même travée. Au 19ème siècle apparaît une variante de ce dernier exemple
où les écharpes d’une même travée sont toutes dans le même sens : ce type est
celui le plus répandu en Bresse. Entre temps, des variantes, des originalités
ont vu le jour, dues à des influences ou à des cas particuliers comme les pans
à bâtons rapprochés, à savoir des pans de bois verticaux assez rapprochés entre
lesquels étaient placées des briques en arêtes de poisson.
Cette évolution
des types de pans de bois permet dans certains cas de dater des constructions
bressanes, de suivre les transformations ou agrandissements qui ont eu lieu.
Parfois, ce sont sur les pans de bois que l’on trouve des inscriptions, des
datations mais il est cependant très rare qu’un pan de bois en place actuellement
ne soit pas le fruit d’un remploi ultérieur.
Quel élément plus simple que le bois ? Mais quelle
ingéniosité dans son assemblage
ici à la ferme des Planons (01) !
Des murs en bois et en terre que l’on voulait cacher… 22
décembre 2007
Si aujourd’hui, on trouve un certain charme aux vieilles
maisons bressanes et aux pans de bois, ce ne fut pas toujours le cas. Dès le
début du 20ème siècle, apparaissent des enduits à la chaux sur les murs extérieurs,
enduits qui deviendront par la suite ciment afin de cacher des matériaux admis
à cette époque comme peu nobles. Idée d’une époque et phénomène de mode car
autrefois, même les maisons de maîtres, que l’on appelait maisons hautes et
basses ou manoirs, supportant deux niveaux et un ou plusieurs pigeonniers étaient
bâties de la sorte.
C’est ainsi, notamment dans les bourgs, que des maisons
à l’architecture bressane apparaissent avec des murs aux tons grisâtres, enduits
réalisés afin de cacher le bois mais aussi la terre qui constituaient les murs.
La terre était en effet présente sous sa forme la plus simple à travers le torchis
ou le clayonnage, employés pour le remplissage des panneaux. Le torchis, méthode
le plus rustique, consistait en un simple mélange de terre et de paille formant
cloison ; le clayonnage, plus élaboré, reprenait le système du torchis mais
sur une ossature de bois, sur une petite treille de putaverne, nom local donné
à une variété d’aulne, la bourdaine, très maniable et imputrescible. Ces deux
modes de remplissage, par leur fragilité, étaient la proie de la pluie battante
et du vent si bien que l’on s’est ingénié à ne le laisser qu’aux niveaux élevés
des murs protégés par l’avant-toit.
Plus simple à fabriquer et à installer,
plus facile d’entretien et plus résistant, la brique est venue ensuite remplir
les panneaux, agglomérée par des mortiers à la chaux et laissée apparente. Bien
que produit plus élaboré, la brique n’est ni plus ni moins, à nouveau, que de
la terre issue du sol bressan. Activité rationalisée par les implantations,
nombreuses mais quasiment totalement disparues de nos jours des tuileries, briqueteries
ou carronières, certains propriétaires réalisaient eux-mêmes leur brique en
extrayant de la terre là où ils voulaient implanter leur ferme. Un petit four
était élevé afin de cuire, sur place, les briques qui serviront à remplir les
panneaux et le trou formé dans le sol par cette extraction était laissé béant
pour devenir la mare où la femme laverait le linge et où les animaux allaient
boire.
Joyeux Noël !
Le clayonnage (ici sur soubassements en pierre) constituait
autrefois la technique la plus courante de remplissage des panneaux
(photo
: site Internet de Maisons de Pays en Bresse).
Deux types de toits pour deux régions historiquement dissociées
29 décembre 2007
Bresse bourguignonne et Bresse de l’Ain,
bien que portant le même nom général de Bresse ont eu une histoire distincte
: pour exemple, la première a été rattachée au royaume de France en 1479 et
la seconde en 1601. Mais une autre différence, culturelle, est visible notamment
à travers l’architecture et la patois à travers une limite qui ne correspond
pas au partage des deux départements, Saône-et-Loire et Ain, mais à une frontière
invisible, culturelle, passant géographiquement par Cuisery, La Chapelle-Thècle,
Montpont et Sainte-Croix.
Cette ligne reprend l’ancienne frontière existante
entre pays de droit coutumier au nord et pays de droit écrit et au parler franco-provençal
au sud et marque encore physiquement une partition entre toits très pentus du
nord et toitures à pente douce (environ 25°) du sud. Du fait de ces particularités
culturelles mais également architecturales, les toits du nord de la Bresse sont
recouverts de petites tuiles plates alors que ceux du sud sont en tuiles canal
ou romaines. Ainsi, dans certains points de la Bresse, sur cette limite, se
jouxtent fermes bressanes à toits pentus en petites tuiles et toits plats à
tuiles canal : c’est le cas au hameau de Tagiset sur la commune de Sainte-Croix
où sur une même parcelle se côtoient ces deux types de toiture.
Du fait de
cette différence, la constitution de la charpente n’est pas tout à fait identique
entre nord et sud mais deux éléments demeurent cependant de part et d’autre
: la toiture à quatre pans et l’utilisation d’avant-toits très prononcés. Cette
dernière caractéristique, utilitaire, s’explique de différentes façons. Tout
d’abord, d’un point de vue technique, ce large débord, appelé également « sevron
» et couvrant la partie au sol nommée « galerie », servait à protéger des intempéries
les premiers et fragiles matériaux de remplissage des panneaux qu’étaient le
torchis et le clayonnage. Deuxième explication : la protection de l’escalier
en bois placé en façade donnant accès par l’extérieur au niveau supérieur de
la maison ; escalier aujourd’hui bien rare.
Enfin, indissociable de notre
appellation de « ventres jaunes », le large avant-toit permettait de faire sécher
à l’abri les panouilles de maïs. Au sud de la Bresse, elles étaient attachées
aux bras de l’avant-toit en forme de grosses grappes alors qu’au nord, elles
étaient positionnées, souvent par quatre, sur une pièce de bois supportée perpendiculairement
par les bras. Utilisation pratique mais également porteuse de sens puisque cet
étalage des panouilles permettait de montrer à tous la qualité et l’abondance
de sa propre récolte, tradition que l’apparition des séchoirs à maïs viendra
compromettre.
Le hameau de Tagiset présente côte à côte des toitures de types Bresse du Sud et Bresse du Nord.
Une architecture répondant à des besoins agricoles et domestiques
5 janvier 2008
Comme nous l’avons vu il a de cela une
semaine, mais néanmoins l’année dernière (bonne année 2008 à tous !), l’utilisation
de larges avant-toits permettait de pallier à la fois à la fragilité des matériaux
de remplissage des pans de bois comme à optimiser la surface de séchage du maïs.
La forme générale, le positionnement que revêtait la maison bressane répondaient
à des besoins liés aux travaux agricoles et domestiques.
Tout d’abord, l’orientation
se fait dans le sens nord-sud afin de ne présenter au vent et à la bise que
des croupes ; généralement, la façade principale n’était pas comme maintenant
celle tournée vers la route ou la rue mais celle tournée vers l’est afin de
pouvoir bénéficier au plus tôt de la journée des premiers rayons du soleil.
Ensuite,
deux types d’implantation au sol coexistent. La première consiste à regrouper
sous un même corps bâtiment d’habitation et bâtiment d’hébergeage : la ferme
est alors assez longue (plus ou moins selon la taille de l’exploitation) et
voit la grange occuper une place centrale entre les étables et l’habitation,
palliant ainsi aux désagréments que le bétail pouvait apportés bien qu’autrefois,
sa chaleur étant recherchée, on dormait près du mur séparant étable et habitation.
Le deuxième schéma est celui d’une cour fermée, formée par un bâtiment d’habitation,
un bâtiment d’hébergeage et par un bâtiment de four abritant bien souvent la
soue des cochons.
Quelle que soit la disposition adoptée, toute une série
de bâtiments annexes gravitaient autour du ou des bâtiments principaux ou bien
joints à eux sous des appentis avec tout d’abord le four. Même s’il abritait
la soue comme on vient de le voir, il était toujours isolé afin d’éviter les
risques d’incendie sur l’ensemble de l’habitation. Bâtiment important puisqu’il
permettait la réalisation des fournées de pain domestiques qui avaient lieu
en général tous les dix jours. Ensuite le poulailler, qui était la partie réservée
de la femme puisque c’est elle qui s’occupait du travail lié à la volaille,
de la naissance à la vente de l’animal sur le marché aux volaillers. Un hangar
pour stocker le bois de chauffage était bien souvent là tout comme le puits,
élément incontournable de la vie autrefois lorsque l’eau n’arrivait pas
simplement dans la cuisine en tournant un robinet. Temps révolu mais finalement
pas si lointain…
Le puits constituait un élément à part entière de l’habitation rurale puisqu’il amenait l’eau à la maison (photo : site Internet de Maisons de Pays en Bresse).
Les cheminées sarrasines : bressanes ou sarrasines ?... 12
janvier 2008
Pour terminer notre petit tour d’horizon des caractéristiques
de l’habitat bressan, intéressons-nous aux cheminées sarrasines, élément architectural
aujourd’hui en nombre restreint. Souvent comparées par les régionalistes aux
cheminées des grandes coiffes bressanes, la cheminée sarrasine a toujours attiré
les curieux et pose encore maintenant de nombreuses questions quant à son origine
et son sens.
Il est avéré que les premiers spécimens soient apparus avant
le 13ème siècle dans nos contrées, et plus particulièrement en Bresse de l’Ain
ainsi qu’à Romenay et Varennes-Saint-Sauveur, dans des villages reprenant approximativement
le contour de l’ancienne seigneurie des sieurs de Bagé.
La particularité
de la cheminée sarrasine réside dans son foyer chauffant au large c’est-à-dire
son âtre central ouvert sur la pièce principale de la maison. Cette caractéristique
se retrouve dans bon nombre de constructions traditionnelles telles les huttes
gauloises ou les habitations suédoises ou norvégiennes. D’ailleurs, une thèse
est récemment apparue selon laquelle ces cheminées sarrasines seraient d’influence
nordiques, principes véhiculées par certains barbares venus s’implanter dans
nos régions comme les Burgondes.
Mais alors pourquoi ce qualificatif de «
sarrasine » ? Les premiers chercheurs ont en effet attribué ces constructions
à une population barbare, de celles ayant été repoussées par Charles-Martel
à Poitiers en 732, mais qui ce serait fixée le long de la Saône. Cette hypothèse
a été également soutenue par le fait que la mitre de la cheminée ressemble à
un minaret, cette tour surmontant la mosquée d’où le muezzin appelle à la prière.
Pour contrer cette explication, d’autres ont simplement dit qu’était appelé
« sarrasin » tout ce qui relevait d’éléments étranges ou étrangers culturellement
ou cultuellement. Dans tous les cas, cette appellation de « cheminée sarrasine
» a sans doute été créée par les érudits locaux puisqu’elle n’apparaitrait qu’au
18ème siècle. L’affaire n’est donc pas close…
Recensées à plus de 400 exemplaires
par Gabriel Jeanton en 1923, il n’en reste guère qu’une petite trentaine aujourd’hui,
réparties exclusivement dans l’Ain et sur la commune de Romenay, seule commune
de Saône-et-Loire a posséder encore ce type de construction, visible notamment
à la ferme du Champ Bressan.
La ferme des Planons, à Saint-Cyr-sur-Menthon (01),
présente une cheminée sarrasine
au sein de son corps principal.
Les cheminées sarrasines : mitre, foyer et encore bien des questions…
19 janvier 2008
La cheminée sarrasine, pour être
complète, doit comporter trois éléments : la mitre, la hotte et le foyer central.
La mitre, tout d’abord, est l’élément qui fait remarquer la présence d’une
telle construction. Coiffant le conduit, la mitre, ostentatoire, semble bien
disproportionnée par rapport au reste de l’habitation bressane. Classée selon
une typologie particulière, elle peut être de type polygonal, carré à pyramide,
carré avec lanterne terminale ou rectangulaire en reliquaire. Mais malgré cette
sorte de hiérarchisation, toutes les mitres sont différentes : alors que certaines
rappellent un minaret, d’autres semblent influencées par des clochers locaux
comme ceux de Saint-Philibert de Tournus ou de Saint-André de Bagé. Selon toute
vraisemblance, certains mitres accueillaient une cloche, peut-être signal de
rentrer à la ferme dans les gros domaines pour ceux travaillant aux champs.
A moins que la possession d’une telle cheminée soit autrefois un signe distinctif
?... une crois en fer forgé venait enfin surmonter ce clocheton.
Ensuite,
la hotte (ou manteau) correspond à un gros conduit pyramidal ouvert construit
comme le reste de la maison en pans de bois et rempli d’un clayonnage recouvert
d’argile. De dimensions volumineuses (la portée pouvait atteindre 8m), la hotte
était supportée par la poutre maîtresse et par le mur de refend de la maison
et traversant l’étage était visible au grenier.
Sous cette hotte, donc directement
à l’aplomb de la mitre, se trouvait l’âtre, le foyer central de la maison, situé
à même le sol. Tout près, se trouvait l’archebanc, cet élément du mobilier dont
nous avons déjà parlé, indissociable des intérieurs chauffés au large par une
cheminée sarrasine. Banc coffre, on y gardait précieusement les papiers de la
famille (contrats, actes de mariage…) et ne s’y asseyaient que les personnes
âgées et parfois, pour les grands moments de la maisonnée, le notaire et le
curé, selon les familles.
On se retrouvait donc tout près de ce foyer central
lors d’instants solennels et surtout lors des veillées où les générations se
mêlaient, échangeaient et c’est ainsi que se transmettaient les savoirs manuels
et oraux, les légendes et peut-être aussi l’origine de ces cheminées sarrasines,
aujourd’hui perdue dans la nuit des temps, laissant ainsi place à l’imagination…
La
mitre de la ferme des Mangettes, de type rectangulaire en forme de reliquaire,
est surmontée d’une croix
(photo : site Internet de Maisons de Pays en Bresse).
Adeline Culas