Quelques anecdotes encore   1er novembre 2013
Parce que le patrimoine s'écrit au présent, les faits divers d'aujourd'hui feront peut-être l'histoire de demain. Ces dernières décennies ont également apporté leur lot de changements et d'histoires en tout genre, heureuses ou un peu moins.
Commençons par le moins agréable, ce sera fait : c'est à Condal que fut annoncé le premier cas de vache folle du département. Trente-et-une bêtes furent malheureusement euthanasiées le 23 novembre 2000. Le 7 février 2001, le pilote d'un Mirage F1-CT français de l'Escadron de chasse 1/30 Alsace (basé sur la Base aérienne 132 Colmar-Meyenheim) a été contraint de s'éjecter après un problème de réacteur. L'avion s'est écrasé dans un champ de la commune, sans faire de dégât ni de victime. Le pilote est resté quant à lui sain et sauf.
Plus joyeux, un bâtiment d'hébergeage d'une ferme de Petit Condal est passé à la postérité (bien qu'on le sache peu) en intégrant le site de "Maisons de pays en Bresse" à Saint-Etienne-du-Bois. Ce lieu touristique et patrimonial réunit plusieurs fermes ayant été démontées puis reconstruites côte à côte. Ainsi, celle accueillant l'Office de Tourisme est condaloise !  

 

La ferme de Condal, sur le site de Maisons de Pays en Bresse.

 

Souvenirs, souvenirs... (1/8)  8 novembre 2013
Alors que l'année s'écoule, nous voici depuis huit mois à la découverte du village de Condal et de ses habitants. Pour terminer, je vous propose justement de consacrer les prochaines chroniques de 2013 à la parole de condaloises. Au détour d'une conversation, bons nombres de souvenirs se sont fait jour : en voici quelques-uns, issus d'une soirée réunissant une sixaine de femmes de générations différentes et d'horizons divers. Un brin humoristiques et sortis de tout contexte mais ces souvenirs parleront sans doute à nos lecteurs...
"Tu nous racontes comment se passait les accouchements autrefois ?...
- Dans chaque village, disons qu'il y avait un fermier attitré que l'on appelait, un peu comme un taxi. On allait souvent le réveiller car les bébés aiment bien sortir la nuit !
- Comme quand on est malade : c'est toujours le dimanche !
- À Condal, c'était Médé Michel que l'on allait chercher. Son prénom était Amédée mais il y avait beaucoup de raccourcis à l'époque. Il habitait à La Motte. Quand on le demandait, il allait réveiller Bichette, la jument, et l'attelait. C'était la même jument qui tirait le corbillard aussi. Pour les accouchements, il lui expliquait : "Maintenant, on va chercher Madame Michelin"... parce que Madame Michelin n'était pas motorisée, ça paraît bizarre !...
- Qui était cette Madame Michelin ?
- C'était la sage-femme de Saint-Amour. Et compte tenu de la grande montée "des chênaies", les mois de neige étaient critiques car les voitures avaient des bandages en fer. Donc si il y avait vraiment de la neige ou un risque de verglas, il fallait encore aller réveiller le forgeron, le maréchal-ferrant, de Condal pour clouter les sabots du cheval.
- Dis-donc, elle avait le temps d'accoucher la pauvre femme !
- ça arrivait ! Mais les femmes du voisinage avaient souvent déjà de l'expérience.
- Quand tout ce monde arrivait, il n'y avait plus qu'à boire un coup !"

 

 

Autrefois à Condal... (coll. part.)

Souvenirs, souvenirs... (2/8)   15 novembre 2013
Parmi les femmes nous livrant ici leurs souvenirs se trouve Madeleine, née en 1923, espérantiste confirmée a qui a été dédiée la "Rue de le Etoile Verte" précédemment citée dans ces chroniques. Au cours de la conversation, une coccinelle s'invite parmi nous. Madeleine nous demande alors :
"Vous connaissez la comptine en patois sur la coccinelle ?..." C'est alors qu'elle se met à chanter d'un trait :
        Bête à bon dieu veula,
        Ton père est à l'équeula
        Ta mère est à Lyon
        T'aster on brave cotelion
        Te va tinque su les talons
- Il faudrait que tu recommences, je n'ai pas tout entendu...
- Dis plutôt que tu n'as pas tout compris !
- Recommences plus doucement et traduis.
        Bête à bon dieu vole,
        Ton père est à l'école
        Ta mère est à Lyon
        Pour t'acheter un beau cotillon
        Qui te va jusqu'aux talons
- Nous on la chantait en français à l'école.    
- C'était des comptines que l'on se chantait enfant entre amies, en famille.
- Puisque tu évoques ton enfance, plus le temps passe plus j'ai l'impression que tu rajeunis.
- Ah bon ? Au bout d'un moment on repart peut-être dans l'autre sens... D'ailleurs, autrefois, on évoquait l'expression "retomber en enfance" quand une personne âgée commençait à décliner un peu... Alors si je rajeunis, j'ai des craintes !
- Y rafateuille ! C'est ainsi que l'on disait en patois de Dommartin lorsque l'on parlait de quelqu'un sur qui l'âge commençait à faire des dégâts."

 

Condal d’antan… (coll. part.)

 

Souvenirs, souvenirs... (3/8)    22 novembre 2013
Jeu de questions réponses sur les activités d'antan :
"Je voulais vous demander quelque chose : comment transportait-on et recevait-on le courrier dans le temps ?
- Par le facteur !
- Oui mais en quelle année ?...
Madeleine prend alors la parole :
- Moi j'ai le souvenir d'un facteur qui faisait sa tournée à pied, avec un sac lourd. Pourtant il y avait moins de courriers administratifs qu'aujourd'hui mais le constat était toujours le même : le sac était trop lourd même vide ! Pour la commune de Condal, il y avait deux facteurs qui se partageaient le territoire.
- En quelle année ?
- Dans les années 30... Les facteurs étaient presque tous les jours invités à manger dans une ferme.  C'était prévu : "Tel jour, vous mangerez avec nous" ; ça se disait comme ça gentiment. Si bien que c'était presque un salaire en nature. On disait que le métier de facteur était un métier à risque : parce que non seulement on leur offrait à manger, mais on leur offrait aussi à boire...
- Et ils se faisaient mordre par les chiens aussi, qui n'étaient pas tenus comme maintenant.
- Ils avaient le vélo en guise de bouclier. J'ai le souvenir d'un facteur quand j'habitais ailleurs qu'à Condal qui se protégeait avec son vélo car on avait un coq qui était très méchant. Il sautait sur tout ce qui bougeait, il a d'ailleurs fini en coq au vin pour fêter le retour d'Algérie d'un soldat, je me souviens. Le facteur, donc, arrivait avec son vélo en bouclier et échappait ainsi au berger allemand et au coq.
- Et le garde-champêtre ?...
- Le garde-champêtre, quand on l'évoque, moi je le vois seulement à la sortie de la messe avec son képi, son tambour et ses deux baguettes : "Avisse à la population !" Et il lisait les choses administratives.
- Dans le village de ma grand-mère, on avait un monsieur qui était horloger à ses heures : on lui faisait réparer en dehors de son travail montres et horloges. Et le samedi, il passait dans toutes les maisons et vendait de petites brioches.
- Il en faisait des choses ce monsieur..."

 

Condal autrefois… (coll. part.)

Souvenirs, souvenirs... (4/8)   29 novembre 2013
Au cours de la conversation, la fête patronale et Saint Laurent sont évoqués : qui était ce saint ? Quel est son attribut ? Puis, Madeleine me demande :
"Vous a-t-on déjà parlé du pain béni à la messe ? Tous les dimanches de l'année, une famille désignée apportait deux grosses miches qui étaient découpées dans la sacristie en petits cubes. Je ne me souviens pas mais le pain devait être béni quelque part. On le distribuait ensuite dans une corbeille recouverte d'un linge et deux enfants de chœur passaient dans les rangs avec cette corbeille pleine de morceaux de pain. Il restait souvent un petit quignon que l'on donnait à la famille destinée à apporter le pain la semaine suivante : c'était en quelque sort le témoin.
- Et pour la fête patronale c'était de la brioche.
- Pour la Saint Laurent donc, ici à Condal.
- Oui mais moi je suis de Dommartin donc c'était pour la Saint Barthélémy, en août.
- Et la fête de la Pédale à Dommartin ?
- C'était en mai. La fête était aussi importante que pour la fête patronale et la course cycliste avait lieu le lundi après-midi.
- Pour l'occasion, les enfants avaient-ils droit à un jour ? Dans certaines communes, ces jours de fêtes étaient dites "journées du maire" et étaient en quelque sorte offerts.
- Je ne me souviens pas...
- Chez nous, le seul jour où on n'allait pas à l'école c'était le lendemain des élections. Comme la salle de classe servait de salle de vote, il fallait la désinfecter le lendemain."

Jour de procession à Condal… (coll. part.)