La gare de Frontenaud 1er mars 203
A
deux pas du Temple se trouve la voie de chemin de fer qu'enjambe un haut pont
routier appelé localement "le pont de la gare". Si le pont est toujours
d'actualité, la gare elle ne l'est plus depuis quelques années : avec ses consœurs
de Dommartin et Sainte-Croix elle fut rasée par la SNCF car n'ayant plus de
fonction utilitaire. Dans la continuité, les "maisonnettes" logeant
les garde-barrières des passages à niveau connurent le même sort. En une semaine,
ces bâtisses furent réduites en poussière : chanceux ceux qui purent récupérer
une plaque signalétique ou un baromètre, témoins de la présence des ces bâtiments
à l'importance considérable pour les petites communes de Bresse jusque dans
les années 1970. Désormais, il est difficile de se représenter l'endroit du
temps de son activité.
La gare de Frontenaud fut construite en 1886 afin
de voiturer les voyageurs et non la marchandise : la commune versa une somme
de 15 000 francs de l'époque pour sa réalisation. Les travaux de création de
la voie de chemin de fer ne se firent pas sans mal tant techniquement (la main-d'œuvre
italienne subit des pertes humaines suite à des éboulements de terrain) que
"psychologiquement". En effet, la tradition orale rapporte que les
villageois redoutaient que ce modernisme ne fasse "avorter les vaches"...
La voie de chemin de fer nécessita la construction de cinq passages à niveau
sur la commune.
Un autre pont est historiquement intéressant à Frontenaud
: celui sur la Gizia reliant le Bourg au Crozes. Ce pont routier datant de 1894
est communément appelé "Pont Pourri". En effet, jusqu'à cette construction
actuelle, les ponts établis en ce lieu, bien souvent en planches, supportaient
mal les fréquentes crues de la Gizia qui finissaient toujours par avoir raison
de ces ponts qui devenaient peu à peu "pourris". Le pont actuel fut
bâti par Jean-Baptiste Deprost, entrepreneur à Joudes et présente une arche
surbaissée : il fut élargi et rénové dans les années 1970.
La gare de Frontenaud au temps de son activité. (Coll. part.)
La maisonnette de La Fournaise avant sa démolition, ici en mai 2002. (Coll. part.)
Le château des Îles 8 mars 2013
L'histoire
de Frontenaud intéresse bon nombre de passionnés sur la commune, à commencer
par la connaissance de ses origines. Son nom viendrait-il du mot "fontaine"
étant donné la présence d'un grand nombre de sources et autres pont d'eau ?
Est-il lié à une "frontière" passant en cet endroit ?
La toponymie
permet l'établissement de bien des suppositions mais plus l'on se rapproche
de notre époque, plus les lieux-dits deviennent parlants pour nous, notamment
concernant les activités qui s'y tinrent. C'est ainsi que la "Tuilerie
des Fausses" évoque une ancienne exploitation de la terre afin d'en faire
tuiles et carrons. La terre pouvant être parfois sablonneuse, des "sablières"
furent exploitées par la population à Biaune, aux Caravattes, à la Verrière
ou encore dans le bas de la montée de Charnequin. Ce sable était notamment utilisé
mêlé au ciment pour faire joints et crépis.
Le sol de Frontenaud révéla
par le passé une richesse archéologique au lieu-dit "Les Îles", en
contrebas du bourg, près de l'église. Pour y accéder, il faut emprunter le petit
chemin arboré longeant le cimetière en direction des lagunes : je vous l'accorde,
cette description ne semble pas très engageante au premier abord. Passé une
passerelle dite "Le Pont des Îles", des champs bordés de haies nous
font face : c'est en ce lieu que furent découvertes différentes "trouvailles"
qui donnèrent lieu à l'existence autrefois d'une motte et, par raccourci, d'un
château dit "Château des Îles". Aujourd'hui, la motte est devenue
prairie.. Roland Jaillet, passionné d’histoire locale, mentionne que « le curé
Sorgue, dans son registre paroissial en 1880, note des vestiges d’une grande
route (voie romaine) venant de Cousance passant par Milleure, Rerafay aboutissant
au Solnan. La plaine du Venay (Biône ?) parait avoir été le lieu d’une bataille.
Ont été trouvés des débris d’armes romaines, quantité d’ossements humains, des
cendres d’un personnage important renfermées dans une urne qui contenait également
un flacon en verre (avec un dépôt rougeâtre, des clous, un anneau d’or), des
plaques de plomb trouvées vers 1855 par les frères Guerrin ».
En ce lieu devait se situer le fameux "château des îles".
La passerelle dit "Pont des Îles".
Le domaine de Saffre 15 mars 2013
Notre
campagne regorge de merveilles architecturales parfois savamment dissimulées
par les courbes du paysage ou par la végétation. A Saffre, entre Frontenaud
et Sainte-Croix en passant par Bione, se trouve l'un de ces corps de ferme que
seul l'hiver permet de voir depuis la route. Il s'agit d'une impressionnante
bâtisse totalisant treize mètres de haut au faîtage et présentant en façade
mais également dans les parties intérieures, des pans de bois disposés en croix
de Saint-André. Un escalier parallèle à la façade donne accès aux combles et
débouche sur une petite galerie ouverte à balustres.
Cette maison d'habitation
qui est devenue bâtiment d'hébergeage lorsqu'un élégant corps de bâtiment entièrement
en brique fut construit en face, est le témoin de l'importance que connut par
le passé ce lieu sous le nom de "domaine de Saffre".
L'histoire
semble bien peu loquace sur ce domaine que Courtépée mentionne comme étant à
un certain M. Vitte de Louhans. Saffre (ou Safre, voire Saffres autrefois) est
évoqué dans certains actes anciens lors de reconnaissances de fief ou hommages
. La famille qui en est propriétaire aujourd'hui possède ce bâtiment et des
terres attenantes depuis la fin du 19ème siècle.
Propriété privée, le bâtiment
a eu la visite des enfants de l'école de Frontenaud l'année dernière qui ont
été heureux de découvrir une part du patrimoine de la commune. On les comprend
: il se dégage de ce lieu à la fois imposant et simple par la présence de tout
ce qui fait la ferme traditionnelle (puits, séchoir à maïs, four à pain,
etc) une atmosphère familiale pleine de souvenirs.
Bien qu'usé par le temps, le logis du domaine de Saffre n'en est pas moins imposant.
Le patrimoine a de l'avenir (1/2) 22 mars 2013
Après
plusieurs mois passés à flâner sur les chemins de Frontenaud, il est désormais
temps de quitter cette commune. Nous terminerons, comme nous l'avions fait pour
Cuiseaux, par un regard sur l'avenir et sur la place du patrimoine et sa perception
dans le village.
Ils sont une poignée d'irréductibles, amoureux de leur commune
et de son histoire mais aussi du patrimoine naturel bressan et des gestes et
savoir-faire qui en découlent. Certains sont réunis au sein de la section "Environnement
et Patrimoine" du Foyer Rural de Frontenaud. Parmi leurs nombreuses actions,
deux ont attiré mon attention : la première est la création d'un verger-conservatoire.
C'est en 2005 que l'association propose de créer un tel lieu au cœur du
Lotissement du Verger afin de lui donner un "peu d'air". En 2010 et
2011 ont lieu les plantations de végétaux, soutenues par une subvention du Conseil
Régional et par le concours technique de l'association "Les Croqueurs de
pommes". Le but est de créer un verger en quelque sorte communautaire,
tout en privilégiant des espèces locales voire quasi disparues.
Aujourd'hui,
soixante-arbres sont présents sur le site, repérables par des panneaux d'identification
et par un futur panneau d'interprétation. Pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers
se côtoient. Parmi eux, vous trouverez la poire "coya" utilisée autrefois
pour faire le vin cuit, la "picot d'argent" sensée apaiser la soif
du moissonneur, la pomme "marion" à croquer, ou la "tapon"
qui était celle des écoliers, etc. Des stages de taille et de greffe sont également
proposés par la section alors que la commune entretient cet espace qu'il est
de l'intérêt de tous de préserver.
Une partie du verger-conservatoire.
Le patrimoine a de l'avenir (2/2) 29 mars 2013
Autre
action menée par les membres du Foyer Rural : le recensement des arbres remarquables
de la commune. En lien avec les écoles, des sorbiers domestiques mais aussi
des platanes non taillés ou encore des saules têtards ont été localisés et photographiés.
La
municipalité actuelle porte également une grande attention à son patrimoine
: Maryvonne Berthaud, maire, souhaite ainsi voir un jour le rideau de scène
du théâtre restauré (cf chronique du 16 novembre 2012) et présenté dans un endroit
accessible à tous, et revoir présentés les outils du dernier sabotier du village,
Monsieur Cannard, légués par sa fille. Le patrimoine a donc de l'avenir à Frontenaud...
Un grand merci à celles et ceux m'ayant accordé leur temps et leur confiance
; et m'ayant ouvert leurs portes, leurs archives et leur mémoire. J'espère ne
pas avoir déformé leurs savoirs et leurs souvenirs.
Le tilleul du cimetière fait partie des arbres remarquables de la commune.