Le château de Condal (2/3) 3
mai 2013
Le château est situé au bourg et est visible depuis la route
venant de Varennes-Saint-Sauveur. Si sa date de construction reste énigmatique,
l'inventaire du canton le fait faussement dater du 19ème siècle : il est vrai
que son architecture classique est trompeuse mais la tradition orale transmise
au sein de la famille de Chaignon atteste que des travaux de reconstruction
eurent lieu à la fin du 18ème siècle. Au-dessus de la porte d'entrée du château,
une pierre porte d'ailleurs la date "1782" sculptée.
La bâtisse
est de plan simple, rectangulaire, rehaussée d'un étage et d'un second sous
les combles. Des percements réguliers viennent rythmer les façades. Ces derniers
sont au nombre de 48, un bon nombre ayant disparu du fait de l'impôt sur les
portes et fenêtres établi en 1798 et supprimé en 1926.
Divers bâtiments
entourent le château, autrefois plus nombreux et plus vastes. Sont à noter,
la survivance de lieux assez intéressants : les vestiges du mur délimitant «
la cour basse », un pigeonnier, une orangerie, un bassin servant à baigner les
chevaux ou encore une glacière. En un endroit de la propriété privée, se cache
en effet une ouverture aujourd'hui ensablée donnant accès à cette réserve de
glace destinée sans doute à conserver des denrées en prolongeant la période
hivernale. Des pains de glace étaient remontés par temps de gel de la pièce
d'eau située en contrebas de la propriété.
Au 18ème siècle, cette pièce
d'eau alimentée par des sources revêtait une forme géométrique parfaite et côtoyait
d'autres éléments naturels d'agréments : carrés potagers dits "du roi",
labyrinthe, fontaines, etc. Aujourd'hui, elle est bordée d'arbres bicentenaires,
notamment des cyprès chauves alors qu'un grand tulipier jouxte la maison. Ils
y quelques années, existaient encore des arbres rares : robinier avec ses gousses
immenses et ses piquants impressionnants, cornouiller, liquidambar, frênes
à feuilles rondes, marronniers à fleurs roses, bouquets de sapins argentés,
platanes immenses, mûriers à vers à soie, tilleuls et les deux énormes marronniers
d'Inde de part et d'autre du portail d'entrée.
François de Chaignon évoque
une « pratique » liée à ces marronniers et à la quête à l’église : « Dans le
plateau de quête, le grand jeu des jeunes du moment, pendant la messe, était
d’y placer des marrons en lieu et place des oboles. Le tout, sans se faire prendre.
Les intéressés se reconnaitront… ».
Vue aérienne du château il y a quelques décennies (Coll. part.)
Le château de Condal (3/3) 10
mai 2013
En empruntant un chemin appelé "L'Avenue"
débouchant sur la cour devançant la bâtisse
On découvre de part et
d'autre deux bâtiments longilignes, (pour l'écurie des chevaux à droite et le
garage à calèches à gauche et les boucles d'attache dans la cour intérieure),
dont l'une des faces est bordée d'arcades. La charpente de l'un de ces bâtiments
laisse supposer que leur construction est antérieure à la période de reconstruction
du château. De là à penser que nous sommes face à d'anciens éléments de la propriété
des moines de Gigny...
Robert Michelin, en spécialiste de cette abbaye et
de celle du Miroir toute proche, m'a à nouveau éclairée sur leur présence, leurs
droits et les possibles édifices dont ils avaient l'utilisation, notamment d'éventuelles
granges dîmières. Une grange dîmière (appelée également grange dîmeresse ou
grange aux dîmes) était un bâtiment qui avait pour fonction, entre autres, de
servir à entreposer la collecte de la dîme, impôt en nature, de l'ancien régime
portant principalement sur les revenus agricoles collectés en faveur de l'Église
catholique.
Au moment de la vente de la seigneurie à Gaspard Trébillet en
1693, les moines percevaient à Condal 63 livres 5 sols en argent, du blé, de
l'avoine, des gelines (des volailles), du vin. Après celle-ci, les moines conservèrent
leurs dîmes, le patronage de la cure et le pré dit du Breuil. En fait, ils avaient
les deux tiers des dîmes, le curé du lieu en ayant le troisième tiers : à Condal
la dîme était levée à la 12ème gerbe (soit 1/12ème de la récolte) sur les gros
blés (céréales principales). Les différents documents d'archives ne font pas
mention de grange dîmière comme aurait pu le laisser entendre certains toponymes
anciens mais évoquent par contre les hameaux de Condal et Villars Chapel ; les
grangeries de Petit Condal, Escharlanges (notre Charlanche actuel) et une portion
de Varignolles.
L'un des deux bâtiments symétriques jouxtant le château.
L'église de Condal (1/3) 17 mai
2013
Face au château de Condal, se trouve l'église du village. Située
sur une sorte de promontoire, elle est placée sous le vocale de Saint Laurent.
C'est pourquoi la fête patronale a encore aujourd'hui lieu le dimanche de la
semaine du 10 août et qu'une parcelle de terrain située en contrebas du château
était autrefois appelée "Pré Saint-Laurent".
Pour accéder à l'église,
il faut emprunter des escaliers : soit face au château, soit depuis l'ancienne
bascule présente dans le bourg. En pierre, son édification remonterait au 13ème
siècle. Son plan est simple puisqu'il se compose d'une nef unique débouchant
sur un chœur de tradition romane à chevet droit. En effet, comme bien souvent
un peu partout, les paroissiens eurent à se plaindre de l'étroitesse de leur
église bien qu'un agrandissement ne soit jamais envisageable aux vues des dépenses
déjà nécessaires au simple entretien de l'édifice. En 1840, l'église fut néanmoins
entièrement restaurée, dans un savant mélange de styles divers.
Le plafond
de la nef présente un original décor en stuc à caissons carrés : un motif floral
identique dans chaque caisson se détache sur un fond rose qu'une moulure vient
rehausser. Lors de la restauration de l'église en 1988, quelques curiosités
furent mises au jour sous l'enduit peint qui recouvrait l'ensemble des murs
: l'appareillage de calcaire rose, mais aussi les moellons de pisé constituant
la voûte du chœur, des niches, ou encore un "vidoir". Mentionné comme
"crédence trilobée creusée dans le mur méridional" par l'inventaire
général, la personne chargée d'ouvrir l'église m'en a donnée son interprétation.
Le vidoir servait à vider l'eau bénite après les offices : au lieu de la jeter
"n'importe où", on la versait dans les deux trous pratiqués à la base
de cette sorte de niche afin que l'eau se déverse dans les fondations mêmes
de l'église.
L'église de Condal.
Le fameux "vidoir" présent dans le mur intérieur de l'église.
L'église de Condal (2/3) 24 mai
2013
Une tribune permet d'approcher de près les caissons du
plafond, les deux plus bas oculus de pierre visibles en façade en forme de fleur,
ainsi que d'accéder au clocher. Celui-ci est coiffé d'une toiture pyramidale
aigüe et son mantelet est recouvert de tuiles vernies, remplaçant les anciens
tavaillons de bois.
Deux cloches carillonnées rythmèrent autrefois
la vie des paroissiens. La plus petite date de 1845, présente huit médaillons
de saints et fut offerte par les familles de Chaignon et d'Ananches. Seize ans
plus tard, monsieur le Maire et, visiblement, son adjoint firent également monter
une cloche, plus grosse que la précédente... Elle porte deux médaillons : le
Christ et la Vierge. L'horloge actuelle est en place depuis 1974 : elle remplace
une horloge mécanique que le propriétaire du château de Rosay remit en état
afin de la placer dans son château.
A noter au passage, l'intelligent système
de grilles placées en lieu et place des portes de l'église, permettant ainsi
(tout en maintenant l'église en sécurité) un passage constant de l'air et un
renouvellement de celui-ci évitant (comme c'est le cas en bon nombre d'endroits)
que ces édifices le plus souvent fermés ne dépérissent peu à peu...
Concernant
l'intérieur, en 1967, Evariste Maître fit réaménager le chœur : c'est ainsi
que depuis, l'autel est placé afin que le prêtre soit face à l'assistance. Il
fit également retirer les grilles séparant la partie consacrée de la nef. Parmi
les statues présentes, sont à remarquer celle de Saint Antoine, très vénéré
en Bresse, ainsi que celle, bien évidemment, de Saint Laurent.
Avant
le réaménagement d’Evariste Maître. Carte postale réalisée en hommage au
père Tacher ayant officié sur la commune. (Coll. Part .)
L'intérieur de l'église aujourd'hui, depuis la tribune
Saint Laurent, patron de l'église
L'église de Condal (3/3) 31 mai
2013
A l'entrée de la nef, de part et d'autre et fixées au mur, se
trouvent deux dalles funéraires. A droite, celle de Maurice de Chaignon, ancien
maire de Condal. Déjà présentée en photographie dans ces chroniques, elle porte
les armoiries de la famille ainsi qu'un long texte mettant en avant les vertus
du défunt. Lui fait face, une dalle de calcaire blanc, celle de son beau-père,
décédé en un plus tard, en 1823 : Nicolas Charles Quenel. Une troisième est
visible au sol, à l'entrée de l'église, sous le clocher : il s'agit de celle
de Pierre-Marguerite Guerret de Grannod, décédé dans sa propriété de Charlanche
en 1813. D'après Guillemaut, c'est lui qui fit bâtir le château de Grannod à
Sornay .
Quelques toiles peintes viennent animer les murs, tout comme le
grand Christ en croix, mais aucun chemin de croix n'est plus visible. Par contre,
à l'extérieur de l'édifice, le long du mur du côté de l'ancien cimetière, trois
bornes en pierre sont encore présentes dans le sol, portant les chiffres 7,
11 et 12 : faut-il y voir les restes des stations d'un chemin de croix extérieur
devant lequel les fidèles s'arrêtaient ?
Le cimetière de Condal jouxta l'église
jusqu'en 1942, date de sa désaffection et de la mise en place d'un nouveau cimetière,
à l'extérieur du village, le long de la route menant à Saint-Amour. Néanmoins,
il n'est encore pas transféré et des tombes parfois plus que centenaires tiennent
encore plus ou moins face aux poids des années. Au milieu, se dresse une croix
érigée en 1845 à l'occasion d'une mission menée par les pères maristes Humbert
et Dunan. Sa base en pierre porte l'inscription "Par ce signe vous vainquerez"
(oui "vainquerez" : la faute n'est pas de moi!) et supporte
une belle croix en fer forgé très imagée représentant divers symboles de la
vie et de la passion du Christ. La croix du cimetière actuel date quant à elle
de 1951.
L'une des trois bornes présentes à l'extérieur de l'église.
Dans l'ancien cimetière, la croix de mission de 1845.