Au gré des chemins… (1/2) 4 janvier
2013
En se baladant au gré des chemins du village, Frontenaud apparaît
comme un village typique de la Bresse bourguignonne : le paysage est dominé
par une alternance entre espaces ouverts agricoles (cultures et prairies) et
espaces forestiers. Cours d’eau, mares et haies bocagères viennent clore ce
tableau.
L’habitat est également caractéristique de la région : regroupé
au centre bourg et dans de plus ou moins vastes hameaux dont l’occupation est
parfois séculaires comme ont pu l’attester quelques découvertes ou des représentations
telles que la carte de Cassini. Cette implantation traduit la préoccupation
de l’exploitation paysanne d’établir la ferme au cœur des terres, qui plus est
sur des « hauteurs », notamment pour dominer des terrains bas et parfois marécageux.
Au
gré de ces hameaux, au bord des routes, se dressent d’assez fréquentes croix
dont le fort nombre laisse perplexe… C’est ainsi que l’on peut en voir en pierre
et fer forgé à La Fournaise et sur la Route des Caravattes. D’autres sont en
bois, à l’image de celle dressée sur la route menant aux Pommerattes et de celle
de Rérafay. A la gare (bâtiment et usage n’existent plus aujourd’hui, mais le
lieu a conservé cette dénomination), entre deux grands arbres et près du « Temple
» (nous reviendrons sur cet édifice plus tard) une belle croix en pierre, bois
et métal est également présente.
La plupart ont été érigées au milieu du
19ème siècle mais l’inscription de quelques dates proches de nous (« 1993 »
aux Pommerattes) indique des restaurations ou mises en valeurs récentes.
Bonne et heureuse année 2013 à tous les lecteurs de L’Indépendant…
Détail de la croix de La Fournaise
La croix près du « Temple », à la Gare
La croix du hameau de Rérafay
Au gré des chemins… (2/2) 11
janvier 2013
Une autre croix, entièrement en pierre et portant les
inscriptions « O crux ave spes unica » et « Donné par Ferdinand et Auguste Dompmartin.
Frontenaud 29 octobre 1876 », est visible à l’entrée du bourg, côté Sainte-Croix.
Elle fait désormais partie d’un aménagement faisant se côtoyer une horloge «
géante » et un jardinier à la tâche réalisé à l’aide de divers outils assemblés.
En
effet, il n’échappe à personne en traversant le bourg que le fleurissement et
les agréments et ornements divers sont légion à Frontenaud. Aux abords de la
salle des fêtes, c’est un puits, un chaudron et une charrette qui sont fleuris,
alors qu’à deux pas tourne une toue à aubes sous un édicule ayant conservé une
plaque directionnelle de la fin du 19ème siècle. Cette dernière donne des indications
sur le « chemin d’intérêt commun n° 12 » : Louhans est à 11 km, Dommartin à
7 et Saint-Amour à 15.
Ce petit élément de notre patrimoine renvoie à l’histoire
de la constitution du réseau routier français, facteur de changements dans la
vie des habitants des zones rurales du pays.
Les Chemins d’Intérêt Commun
(CIC) ont été créés en 1836 et font partie de ce qui était appelée la « voirie
vicinale ». Deux catégories se côtoyaient alors : la voirie communale non classée
(chemins ruraux et voirie communale) à la charge des communes ; les chemins
vicinaux classés regroupant les Chemins de Grande Communication (CGC), les fameux
Chemins d’Intérêt Commun et les chemins vicinaux ordinaires, tous gérés grâce
aux subventions du Conseil général mais placés sous le contrôle du Préfet. Les
CGC et CIC seront confondus sous le nom de « chemins départementaux » en 1938.
Lorsque le patrimoine est remployé
Mares, sources et lavoirs… 18
janvier 2013
Autre particularité de Frontenaud, la forte présence
d’étangs, mares et autres points d’eau. Dans la cadre de ses activités liées
au patrimoine naturel de la commune, le Foyer Rural a nettoyé et aménagé quelques-uns
de ces lieux, notamment les sources comme celle des Chardenières. Panonceau
et autres éléments en bois ont été installés afin d’attirer le regard des promeneurs
et des curieux sur ces lieux que les habitants utilisaient autrefois.
Selon
ce même principe a été mis en valeur la « Fontaine de Charnequin » : sous ce
terme se cache en fait un simple trou d’eau qu’une source naturelle venait alimenter.
Pierres, petit pont et banc viennent apporter un peu de jeunesse à ce coin où
certaines Frontenaliennes venaient rincer leur lessive.
En effet, dans les
villages où il n’existait pas de lavoirs « en dur » comme il peut en subsister
à Champagnat par exemple, les villageoises avaient pour habitude de se rendre
au bord de la rivière la plus proche pour battre le linge et le rincer. C’est
ainsi qu’à Sainte-Croix, quelques cartes postales ont immortalisé des planches
à laver posées au pied du déversoir du Solnan, à l’entrée du village. A Frontenaud,
les habitants des Chardenières se rendaient également au déversoir mais au moulin
de Tagiset, à la limite entre les deux communes.
Mais d’autres lavoirs «
naturels » et « à l’air libre » existaient au cœur de la campagne bressane.
C’est ainsi que les villageoises de Rérafay se rendaient « au lavoir », à la
source de Charnequin. Chaque famille avait son jour de lessive et descendait
de son hameau avec sa brouette et sa lessiveuse remplie de linge déjà frotté
et bouilli mais que l’on venait rincer « au lavoir ». Ce rituel, qui avait lieu
le lundi dans la famille Culas, s’est perpétué jusqu’à ce que l’eau courante
fasse son apparition dans les maisons, au cours des années 1960. Un autre
de ces « lavoirs » se situait en contrebas du bourg du village, en direction
des Crozes : il n’existe plus aujourd’hui et a été remplacé par un lotissement
bien nommé « Lotissement du Lavoir ».
Aux abords de la « Source des Chardenières ».
La « Fontaine de Charnequin » de nos jours
Femmes mystérieuses… 25 janvier
2013
En évoquant le passé de Frontenaud, il n’est pas rare que certains
mentionnent la « Quin-na aux loups » (ou « des loups »). Il s’agit d’une femme,
veuve d’un certain Quint, ayant « rôdé » à une période aujourd’hui indéterminée
dans les bois entre Frontenaud et Sainte-Croix. Comme son nom l’indique, elle
vivait au milieu de loups qui la suivaient dans ces déplacements. Légende ou
réalité ? Il semblerait que cette femme soit apparentée à celles que l’on dénommait
les « mères aux loups », passant leur pauvre vie à chasser ces bêtes afin de
décrocher quelques primes liées à la destruction de ces prédateurs.
Voici
ce qu’en rapporte Marcel Baroë : « C’était une grande diablesse, coiffée d’un
grand chapeau de paille, avec devant elle un large tablier de cuir pour se protéger
des morsures des loups et portant un énorme bâton pour se défendre. Cette femme
savait, aux traces laissées dans le sol, s’il s’agissait d’un mâle ou d’une
femelle. Plus surprenant, elle pouvait connaître, à l’empreinte de la louve
en gestation, la date à laquelle elle devait mettre bas. Elle suivait ces marques
jusqu’à la tanière de l’animal dont elle devinait l’existence – disait-elle
– à la présence d’une légère brume à son entrée.
Quand elle se trouvait face
à la louve, elle lui laissait l’un de ses petits pour garder la vie sauve.
On la voyait souvent un louveteau en laisse. »
Autre femme, mais dans un
tout autre genre, dont certains ont conservé le souvenir : celui d’une villageoise
ayant servi de modèle au sculpteur Antoine Gauthier pour le monument aux morts
de Louhans connu sous le nom de « La Bressane ». Mais d’autres villages de Bresse
revendiquent également qu’une fille du pays apparaisse sous les traits de la
jeune femme en sabots représentés sur le monument…
Sous les traits de « La Bressane » se cacherait-il une Frontenalienne ?... (Copyright Jean Boussuge, 1995)