Les moulins de Frontenaud 8 février 2013
L'Annuaire de Saône-et-Loire de 1856 mentionne l'existence de sept moulins sur la commune de Frontenaud : un sur la Gizia, deux sur la Dourlande, trois sur l'étang d'Essart et un moulin à vent "construit tout récemment". Si l'existence de ce dernier pose aujourd'hui question (la transmission orale ne semble pas faire état de pareille construction sur la localité), quatre des six moulins précités sont toujours visibles et sont aujourd'hui des propriétés privées.
Le premier, sur le Gizia, est dit "du Venay" : il est situé en contrebas du bourg lorsque l'on vient de Tagiset. Les deux sur la Dourlande sont situés à quelques centaines de mètres l'un de l'autre : celui connu sous le nom de "Moulin de Dourlande" se situe dans une impasse sur la route menant à La Verrière ; celui dit "des Crozes", plus petit et correspondant bien à l'idée que l'on se fait des anciens moulins ruraux, lovés dans les méandres des ruisseaux, est au bout de l'allée de la Favière, près du passage à niveau de La Fournaise. Enfin, un moulin demeure sur l'étang du Bief à Essart.
Le moulin du Venay est donc le plus visible de tous, étant en bordure de route. Il tient son nom du hameau situé à proximité où demeurent encore de beaux bâtiments bressans en pans de bois et aux volumes avantageux. La transcription d'un acte notarié datant de 1805 et transmis par un habitant de la commune évoque la construction de ce moulin :
"(...) Jean-Baptiste Janodet propriétaire à Frontenaud (…) est dans l'intention de faire bâtir un moulin en ladite commune sur la petite rivière de Giziat, lieu-dit Le Vieux Moulin, ce qui annonce clairement qu'il y en a eu un autrefois - que l'utilité de cet établissement sera général et notamment aux habitants du gros hameau du Venay, le plus fort de la paroisse qui, à l'avenir, communiquera avec les autres hameaux dans tous les temps par le moyen d'un pont que nécessiterait ledit moulin au lieu qu'actuellement ils soient obligés de passer les voitures de foin ou autres denrées au gué, ce qui expose dans les crues et pendant l'hiver à périr corps et biens. (...)"
Le Moulin sur la Gizia au 19e siècle. (Coll. part.) Le peintre local Bouchard a également peint ce lieu : une représentation est conservée en mairie de Frontenaud.
Le "Temple" (1/2) 15 février 2013
À proximité du pont enjambant la voie de chemin de fer reliant Dijon à Bourg se trouve un bâtiment évoquant l'architecture des écoles d'antan : ce lieu est communément appelé "le Temple".
Cet édifice rappelle les temps où une forte population protestante s'était fait jour en Bresse. Le terrain fut acheté en 1853 afin d'y ériger un temple qui fut inauguré en 1855 : cette installation permettait de transférer les activités des stations d'évangélisation de Bruailles et de La Chapelle-Naude.
De plan rectangulaire, orienté Est/Ouest, il fut dessiné par un certain Monin, architecte louhannais. Au rez-de-chaussée était installée la salle de culte alors qu'à l'étage se trouvait le logement du pasteur. Au-dessus de la porte donnant accès aux parties privées du Temple se trouvait une inscription : "Choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir. Pour moi et ma maison, nous servirons l'éternel". Cette phrase reprend les paroles de Josué rapportées dans la Bible.
Un four et un puits furent également construits afin de pouvoir avoir sur place (le temple est à 800 mètres du bourg) et à moindre coût du pain et de l'eau : le puits, toujours bien visible, fut creusé à l'entrée de la propriété, le long de la route.
Le "Temple" de Frontenaud tel qu'il est aujourd'hui. 22 février 2013
Le "Temple" (2/2) 22 février 2013
Au milieu du 19e siècle, 25 enfants reçurent un enseignement au temple :
«"Pendant la Révolution de 1848, des colporteurs protestants parcoururent toutes les paroisses des environs, vendant des bibles, distribuant toutes sortes de brochures contre l'Église catholique. À Frontenaud ces hérétiques viennent facilement à bout de se faire, en peu de temps, un certain nombre d'adeptes...". Ils firent même édifier une école gratuite, si bien qu'au milieu du siècle dernier, on compte à Frontenaud environ 70 protestants (enfants compris), "sans parler d'un certain nombre de familles devenues plus ou moins chancelantes"».
Il semblerait qu'un cimetière protestant ait également été établi au lieu dit La Fournaise (au bord de l'actuelle route reliant Frontenaud à Dommartin-les-Cuiseaux) et que la première inhumation se fit au cours de l'hiver 1850. Une mission catholique fut mise en place à la fin du 19e siècle afin de récupérer quelques âmes (ceci nous éclaire d'ailleurs un peu plus quant à la présence de nombreuses croix sur la commune) ce qui permit de ramener à dix ou douze le nombre de protestants.
Au cours du quatrième quart du 19e siècle, l'organisation commence à chuter peu à peu : le temple est alors désaffecté puis vendu à un ancien juge de Genève puis à la Société Immobilière des Églises et Chapelles évangéliques libres. En 1904, le bâtiment fut vendu à un sabotier des Chardonnières, Louis Mazoyer, qui le revendit en 1911 à Monsieur Ramier. Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands établirent en ce lieu un QG qui aurait été la cible des maquisards locaux si les occupants habituels de la maison n'avaient été contraints d'y rester. Néanmoins, la voie située à proximité fut à nombreuses reprises la cible de sabotages : en février 1943, trois déraillements furent comptabilisés.
"Le Temple" est aujourd'hui une résidence, propriété privée.
À La Fournaise, lieu où aurait été implanté le cimetière protestant de la commune.