De Condate à Condal 6 avril
2013
Après Frontenaud, partons à la découverte de Condal. Village
de 425 âmes au dernier recensement de 2012, Condal fait partie de ces communes
dont on parle peu et que l’on connait sans doute également peu…
Pour emprunter
les chemins de ces 16km2 de territoire, il faut se rendre à l’extrême sud-est
du département de Saône-et-Loire car Condal côtoie deux autres départements
mais aussi régions. Ses communes voisines bourguignonnes sont Varennes-Saint-Sauveur,
Dommartin-les-Cuiseaux et Joudes ; les jurassiennes, Balanod et Saint-Amour
; et les burgiennes, Beaupont et Domsure. Avec cette position, nous ne serons
pas étonnés de rencontrer bon nombre de fermes rappelant celles de l’Ain et
leur toiture en tuiles canal.
Condal, bien que traversé par l’autoroute verte,
l’A39, n’en a pas moins conservé un paysage ponctué de collines verdoyantes
et boisées dominant la vallée du Solnan. De nombreux étangs et la rivière de
Besançon agrémentent également la vue des Condalois et Condaloises.
Les historiens
se sont accordés pour dire que Condal, mentionné pour la première fois « Condai
» (1) en 1211 , viendrait du gaulois « Condate » signifiant « confluent
». Les férus d’Astérix auront fait le rapprochement entre ce vocable préceltique
et le nom donné autrefois notamment aux villes de Lyon et de Rennes. Au 18ème
siècle, Courtépée, dans sa Description générale et particulière du Duché de
Bourgogne, rapporte ceci sur cette confluence : « (…) pays bas, marécageux,
à cause de deux rivières qui causent beaucoup de dommages par leurs débordements.
»
Partons ensemble à la découverte de Condal...
(1) Jean Rigault dans le Dictionnaire topographique du département de Saône-et-Loire et Roger Présumey dans son étude La toponymie de l’arrondissement de Louhans.
Le blason de Condal 13 avril 203
Si le pays
n’est plus « marécageux » comme le signalait Courtépée, il se trouve bien évidemment
toujours à la confluence du Solnan et du Besançon. Cette particularité est même
affichée sur le tout récent blason de la commune.
A l’initiative de quelques
habitants, et à l’image de ses voisines, la commune possède désormais son propre
blason. Divisé en trois champs de couleur rouge, bleu et jaune, chacune de ces
parties présente un « meuble » (comme l’on dit savamment en langage héraldique…)
renvoyant à Condal.
Dans la partie supérieure se trouvent deux tours, en
référence aux deux châteaux présents sur la commune (celui du bourg et celui
de Saint Sulpice). A gauche, c’est le lion de la Bresse qui est figuré (le pays
de Bresse possédant autrefois un blason figurant un lion d’hermine sur fond
bleu : « d’azur au lion d’hermine » pour les puristes) alors qu’à droite un
poulet de Bresse évoque cet élevage sur la commune. Les trois champs colorés
sont séparés par un filet bleu ondoyant qu’enjambe un pont, évoquant ainsi cette
fameuse confluence entre le Solnan et le Besançon.
Ce blason, en plus d’être
visible sur les documents « officiels » de la municipalité, l’est également
sur les panneaux indiquant les noms de rues, routes et autres chemins de Condal.
Aux côtés de toponymes anciens tels Charlanche, Saint Sulpice ou Villard Chapelle
apparaît donc ce tout nouveau blason très attrayant et parlant.
Quelques éléments actuels 20
avril 2013
Le village de Condal tel qu’on le connait aujourd’hui est
le résultat de l’association de deux communes : Condal et Saint-Sulpice. C’est
en 1809 que Saint-Sulpice (qui comptait « 25 feux » et « 80 communiants » au
temps de Courtépée) fut réuni à Condal qui comprenait alors 80 feux et 300 communiants.
Si la population de Condal a connu des hauts et des bas, elle est à l'heure
actuelle en hausse. D'un point de vue économique, sur les 40 établissements
recensés au 31 décembre 2010 par l'INSEE, 32,5% sont à vocation agricoles, 7,5%
industrielles, 10% liés à la construction et 40% aux transports et commerces
divers. Les 10% restants représentent l'administration publique et l'enseignement.
Une école est effectivement présente dans le village, fonctionnant en RPI avec
Dommartin-les-Cuiseaux.
Une forte activité associative est également présente
sur la commune. Je ne donnerai pas la liste exhaustive des associations de peur
d'en oublier mais l'on peut tout de même citer le Comité des Fêtes ou le club
de football et d'autres initiatives récentes telles que "Les petites mains"
(création avec les enfants) et "De fil en aiguille" (travaux de couture
et autres, réalisés par des personnes se retrouvant le deuxième jeudi du mois
dans une salle du café, seul commerce encore en activité dans le bourg faisant
également office de dépôt de pain et de bureau de tabac-presse).
La population
de Condal est relativement jeune puisqu'en 2009, la moitié de la population
avait entre 20 et 65 ans, l'autre moitié se partageant entre les moins de 20
ans et les plus de 65 ans. La tranche d'âge 30/60ans représentant à elle seule
55% de la population et les retraités composent 15% des habitants de Condal
(2) . Cette situation est en partie due à la présence d'entreprises employant
de la main d'œuvre sur la commune, à la proximité avec Saint-Amour ainsi qu'à
la création d'un lotissement au lieu-dit "La Pinède", dans les années
1972.
Paysage à Condal...
(2) Données INSEE
Le château de Condal (1/3) 27
avril 2013
A Condal, il n'est pas rare d'entendre les passionnés d'histoire
évoquer le fait que, approximativement, la commune était aux siècles précédents
partagée en trois zones. A l'est du village, les propriétés de la famille Puvis
de Chavannes à Saint-Sulpice ; celle de la famille de Montessus du côté de Dommartin,
à Villars-Chapelle ; à l'ouest la famille de Chaignon qui possède toujours le
château visible au bourg.
Historiquement, la seigneurie de Condal appartenait
aux moines de Gigny qui la vendirent en 1693 à un dénommé Gaspard Trébillet,
avocat à Saint-Amour. Ce sont ses descendants qui revendirent les terres en
1768 à Pierre de Chaignon, représentant la France en Valais Suisse. Comme me
l'a rapporté Robert Michelin, historien bressan que l'on ne présente plus, il
est dit "ministre du roi" au moment de l'achat. Cette famille originaire
du Périgord s'installa en effet en Belgique, puis en Suisse, avant de revenir
en France. Ses armes sont "d'azur au lion d'or, armé et lampassé de sable,
tenant une épée d'argent, garnie d'or".
La famille de Chaignon possédait
environ 1/5ème de la commune, en terre, fermes (une dizaine semble-t-il) et
des bois dont elle se sépara peu à peu. L'un de ses membres, le fils de Pierre,
Maurice, fut maire de Condal de l'an 9 (1801) à sa mort en 1822 et conseiller
général de 1816 à 1822. Les de Chaignon sont encore présents sur la commune
de Condal et possèdent toujours le château et l'une des fermes restée dans le
giron familial, la ferme dite "de la Motte" à quelques centaines de
mètres. D'ailleurs, certains voient en ce lieu, situé sur une hauteur à deux
pas de l'église, la "motte Morin", recensée dans divers ouvrages comme
étant l'emplacement d'une motte féodale. Une autre motte a été recensée sur
la commune, dans le secteur de Saint-Sulpice.
Dans l'église du village, se trouve la dalle funéraire de Maurice de Chaignon, présentant les armoiries de la famille surmontées d'une couronne comtale et portées par un lion et un lévrier.