Quelques éléments de la vie populaire 2 août
2013
De nombreuses croix ponctuent le paysage condalois : qu’elles
soient en ciment, en fer forgé ou monté sur un poteau en bois, toutes possèdent
une histoire qui parfois nous échappe. La plupart semblent avoir été restaurées
récemment et évoquent le temps des processions dont certaines se mettaient en
marche depuis le château où était un reposoir, au niveau du Pré Saint-Laurent.
Le prêtre se rendait également dans les hameaux avec ses enfants de chœur bénir
les diverses croix des écarts : à la Noblesse, à Villard-Chapelle, à Petit Condal…
D’ailleurs, une habitante nous rapporte une anecdote assez croustillante
à ce sujet. Dans les années 1930, lorsque le curé Tachez décida d’effectuer
ce service sur sa mobylette, le bénitier accroché au guidon, une dame âgée de
l’époque habitant à Petit Condal en fut offusquée : « Je la revois encore en
train de marmonner et d’éplucher son chapelet !... »
Pour la fête patronale,
une course cycliste avait lieu le lundi. Manèges (chevaux de bois, pousse-pousse,
tir à la carabine, vente de cacahuètes) et bal contentaient tous les âges. Ce
jour était l’occasion de faire cuire brioches et galettes dans les fours familiaux.
La
brioche était également au centre de la fête des conscrits : le jour du banquet,
lors de la messe, elle était bénie puis coupée par le marguillier qui en distribuait
à l’assemblée. De nombreuses photographies de conscrits mettent en scène cette
brioche au milieu des conscrits. Lors de leur tournée, les conscrits collectaient
des œufs qu’ils portaient à une dame du village qui en faisaient des matefaims
à distribuer aux enfants de l’école : des élèves devenus adultes aujourd’hui
en gardent en émouvant souvenir.
Enfin, autre tradition ayant eu cours à
Condal jusqu’à là fin des années 1970 : le fait de planter un mât devant la
maison des conseillers municipaux nouvellement élus. Un pot pris en commun avec
les habitants du hameau concerné venait clore cette tradition.
Au détour d’un chemin, une étonnante croix…
Jour de procession à Condal (Coll. Part.).
Au milieu des conscrits, la brioche...
Lorsque parle la toponymie... (1/2) 9 août 2013
Comme dans de nombreux villages bressans ces dernières années, la numérotation
des habitations et donc la dénomination des voies ont permis à certains habitants
de Condal de se pencher un peu plus sur la l'origine et la signification des
hameaux, écarts et autres lieux-dits. Voici quelques « morceaux choisis » de
ces toponymes qui garderont peut-être à jamais leur sens premier...
« Le mortier » : situé en face du nouveau cimetière, ce terrain devrait son
nom au fait que l'on y entreposait les bêtes mortes de la commune. Un Condalois
responsable du cheptel dans les années 1960/1964 raconte qu'à cette époque il
y avait 56 producteurs de lait sur la commune, chacun ayant deux voire trois
vaches dont la majorité fut décimée par la tuberculose. Les pertes devenant
de jour en jour plus importantes, il fallut s'organiser entre voisins pour effectuer
des corvées afin d'enterrer dans des trous fait « à la pelle » le bétail mort.
De là l'origine du « Mortier » ?... Suite à cette hécatombe, de nombreux
villageois arrêtèrent l'élevage et partirent travailler à la SNCF, notamment
comme gardes-barrières.
« La ruelle des morts » : également appelée « Le chemin des morts » ou «
Le chemin de messe », reliait autrefois Montgardon au bourg. Ce chemin coupant
à travers champs et enjambant le Besançon était autrefois emprunté par les habitants
du hameau afin de rejoindre plus vite le bourg. C'est aussi par là que passaient
les cortèges funèbres les jours d'enterrement. Des dalles de pierre, vestiges
de ce chemin, seraient encore visibles par-ci par-là...
« La Grange des prêtres » et « La Grange sarrasin » évoqueraient d'anciennes
installations des moines, lieux de prélèvement des impôts notamment...
La toponymie : ou comment faire revivre les mémoires par les lieux…
Lorsque parle la toponymie... (2/2) 16 août 2013
« Le Puits du village » : nom donné à un puits situé à la Noblesse dont l'usage
était destiné à l'ensemble de ce hameau.
« La rue de l'Etoile Verte » : point d'explication légendaire ou ancestrale
ici mais un simple hommage à l'une des doyennes du village, ancienne institutrice
née en 1923 résidant en ce lieu du bourg et férue d'Esperanto. Les espérantistes
ont pour symbole international une étoile de couleur verte d’où ce nom.
La nature du sol a également donné naissance à certains lieux dits comme
« La Poissière », évoquant un terrain argileux, une terre poisseuse. Visiblement,
plusieurs tuileries ou carronnières s'élevaient autrefois sur la commune, notamment
une à La Poissière justement et une à Villars-Chapel : la physionomie du terrain
en ce lieu ainsi que le cadastre du début du 19ème siècle attestent cette hypothèse.
La tradition orale rapporte d'autres lieux d'extraction de la terre, notamment
sur une parcelle dénommée localement « La car’nière ». C'est en ce lieu que
fut extrait en 1911/1913 le sable nécessaire pour faire la dernière maison en
pisé du secteur, au lieu-dit « Le Champ Rouge ».
Le pisé étant fortement présent sur la commune, de nombreuses sablières furent
sans doute exploitées un peu partout. Certaines furent utilisées par la suite
par les marbreries de Saint-Amour qui s'en servaient pour scier le marbre. C'est
ainsi qu'à « Bois Gilles » une ancienne sablière fut équipée avec chemin de
fer, pelle à câble, etc. Devenue aujourd’hui une pièce d’eau bordée d'acacias
où batifolent des abeilles, la présence de la sablière est évoquée par le chemin
y menant, renforcé et stabilisé par des morceaux de marbre permettant autrefois
de faire passer les engins y travaillant.
Un ancien lieu d’extraction de la terre, à Villars-Chapel.
Du côté de Villars-Chapel… 23 août 2013
Villars-Chapel, Villars-Chappel, Villard-Chapelle… Voici un hameau dont l’orthographe
varie en fonction des époques…et ce, même aujourd’hui. Dans son étude sur la
toponymie de l’arrondissement du Louhannais, Roger Présumey cite diverses dénominations,
dont certaines patoisantes, tirant la conclusion que « chapelle » n’évoquerait
pas un édifice mais un patronyme : Villarchapel (1302), La Ville de Chapel (1324),
Villiers Chapel (1473), Villers Chappel (1502), Villars Chapé (1650), Villers
Chpey (1668), Villars Chapey (1682), Villars Chpet (1722), Villers Chapel (1734),
Villard Chapelle (1824) . Villard quant à lui serait un dérivé du latin « villa
» signifiant « ferme », « écart ».
Lucien Guillemaut quant à lui, pense qu’une chapelle serait bel et bien à
l’origine de ce toponyme : « A un autre endroit de la commune, était le fief
de Villars-Chapelle, au hameau de ce nom. Ce fief était, en 1780, (…) à Mme
de Montessus. Antérieurement, le seigneur habitait ledit village ; il n’y avait
pas de château, mais une maison qui sert aujourd’hui de ferme. Il y avait aussi,
- de là le nom, - une petite chapelle dont le bâtiment existe toujours, mais
a été transformé, il y a longtemps déjà, en fournil et four. »
Armée de cette information, nous voici à la recherche de cette éventuelle
chapelle… et c’est ainsi que nous voilà dans une agréable et imposante ferme
dont le propriétaire actuel dit avoir toujours entendu dire par ses aïeux qu’une
chapelle serait sous les fondations de son four à pain… En effet, si cette dernière
ne donna pas son nom au lieu-dit, un édifice antérieur exista bien en ce domaine
comme le laissent supposer anciennes voûtes, ouvertures et escaliers condamnés,
pièces de bois forts anciennes, etc. Ce n’est pas sans émotion, que nous passions
un moment en cet endroit, relisant les quelques lignes écrites par Guillemaut
et citées précédemment…
Quelque part à Villars-Chapel : les vestiges évoqués par Guillemaut.
Du côté de Villars-Chapel (2/4) 30 août 2013
Le hameau de Villars-Chapel possède une physionomie toute particulière. Lorsque
l’on arrive à Condal par la route de Dommartin, le lieu se présente comme un
petit village bâti sur un promontoire. De grosses fermes anciennes jouxtent
des constructions plus récentes n’enlevant en rien le charme des lieux.
Cette partie de Condal appartenait autrefois à la famille de Montessus puis
aux Demoiselles de Dananche comme l’évoquent encore aujourd’hui les habitants.
Ces dernières possédaient quatre domaines en ce lieu-dit. Deux fermes subsistent
encore, repérables à leurs dimensions imposantes et à la qualité de l’architecture,
notamment des charpentes ; tandis qu’une autre ne livrent plus que ses fondations.
Le quatrième domaine consistait en la tuilerie évoquée précédemment.
Mais d’autres fermes valent bien évidemment le coup d’œil, notamment une
habitation en pisé dont le mur extérieur garde la signature d’un certain
« Revelut », du nom de l’un des ouvriers ayant participé à la reconstruction
du bâtiment après son incendie comme le laisse supposer l’architecture actuelle.
Cette ferme, en plus de posséder un magnifique point de vue sur le Jura, a la
particularité d’avoir un puits assez récent comme le rapporte la propriétaire
actuelle. C’est son grand-père qui le fit creuser car la ferme n’en possédant
pas, son épouse devait aller chercher de l’eau chez les voisins, où elle passait
un peu trop de temps au goût de l’aïeul… De là la construction du puits.
Villars-Chapel depuis Condal
Les fondations de l’un des domaines propriétés des « Demoiselles de Dananche ».