Le château des Crozes (2/2) 7
septembre 2012
Au décès de Jules Logerotte c’est sa fille, Madame
de Lavérine, qui reçut en héritage le château des Crozes. Cette dernière dut
subir les dures épreuves infligées par les guerres à commencer par le décès
de son époux, capitaine, et de son fils aîné Joseph durant la première guerre
mondiale. Son second fils, Hubert de Lavérine, périt avec son épouse et leurs
deux petites-filles à Oradour-sur-Glane lors du terrible massacre dont le village
et ses habitants furent les victimes en 1942. Hubert s’y était réfugié de retour
de captivité, Oradour étant le village natal de son épouse, Antoinette Pathée.
Une plaque fut apposée dans le hall du château en leur mémoire.
Après la
mort de Madame de Lavérine, c’est son petit-fils qui mit la propriété en vente
(château et terres attenantes). En 1956, sous l’impulsion du Docteur Guimet
de Varennes-Saint-Sauveur, un syndicat intercommunal se constitua pour racheter
le bien et y créer une maison de retraite. Son expérience avait en effet permis
au Docteur Guimet de mettre en avant le besoin social que ressentaient de plus
en plus les personnes âgées de la région.
Les communes de Frontenaud, Champagnat,
Condal, Dommartin-les-Cuiseaux, Flacey-en-Bresse, Le Miroir, Sagy, Sainte-Croix-en-Bresse
et Varennes-Saint-Sauveur furent donc côte-à-côte pour mener à bien cette entreprise
et inaugurer cette maison de retraite « pour vieillards et convalescents » comme
le mentionnait la presse d’alors, le 5 mai 1957. Le 4 novembre suivant, l’institution
ouvrait ses portes : le premier résident fut Monsieur Duchesneau, fils d’un
ancien médecin de Louhans.
Des extensions et travaux divers se sont
succédés au fil des décennies. Le château des Crozes est toujours une maison
de retraite, médicalisée, pouvant accueillir 91 personnes et embauchant une
main-d’œuvre féminine non négligeable pour les communes de Frontenaud et alentours.
La maison de retraite du château des Crozes est un établissement public géré par un Conseil d’Administration dont le président est René Beaumont.
La source Primerose (1/2) 21 septembre
2012
En allant du bourg de Frontenaud au château des Crozes, à l’orée
d’un bois dénommé la Grande Rippe mais également connu sous le nom de « Bois
de la Dame » en souvenir de Madame de Lavérine, un panonceau un peu fatigué
indique « Source Primerose »… Il faut alors s’enfoncer dans le bois et descendre
en direction de la Gizia pour découvrir l’ancien emplacement de cette source.
C’est
Madame de Lavérine qui, souhaitant tirer profit de cette source naturelle, décida
d’en lancer la commercialisation dans les années 1920. Elle fit construire un
local abritant la dite source et un autre où était mise en bouteille cette eau.
Aujourd’hui encore, ces édicules résistent (pour l’instant) au temps, bien qu’envahis
par la végétation. Des aménagements furent également bâtis dont on aperçoit
encore aujourd’hui les vestiges : murets, tables et bancs en pierre pour goûter
directement aux bienfaits de l’eau et escalier bordé de deux grands arbres marquant
l’entrée des lieux.
Les bouteilles de l’eau de la source Primerose portaient
de belles étiquettes en couleurs dont le slogan peut aujourd’hui faire sourire
: « Primerose. La plus radio-active des eaux de tables »… Des résultats d’analyses
figuraient également sur l’étiquette en plus de la localisation de la source
: « Château des Crozes. Frontenaud (Saône-et-Loire) ».
La source Primerose est indiquée depuis la route menant au château des Crozes.
Etiquette présente sur les bouteilles d’eau Primerose commercialisée dans les années 1920 (collection particulière).
La source Primerose (2/2) 28 septembre
2012
Si les témoignages rapportent que certaines des bouteilles de
Primerose furent vendues jusqu’à Cannes, l’essentiel de la production s’écoulait
à l’épicerie du village ainsi que, comme le mentionne le verso d’une carte postale
de l’époque « dans les pharmacies et maisons d’alimentation de Louhans ». Cette
même carte postale porte l’inscription : « Eau naturelle, légère, de goût agréable,
reconstituante, digestive, stimulant toutes les fonctions de l’organisme ».
La promotion de cette eau fut également faite par Madame de Lavérine à travers
des affiches où le château des Crozes est également et exagérément mis en
valeur par sa proximité avec les monts du Jura.
Malgré cet investissement,
la commercialisation de la source ne fit pas long feu puisque le 9 juin 1925
Madame de Lavérine dut comparaitre devant le Tribunal Correctionnel comme le
rapportait à l’époque le journal L’Indépendant. En effet, Madame de Lavérine
vendait l’eau de Primerose en tant qu’eau minérale mais sans acquitter les droits
inhérents à cette catégorie d’eaux. Le rapport de l’audience note même que l’eau
ne possède pas les propriétés thérapeutiques vantées et « qu’il est inexact
de prétendre que la dite eau est destinée à remplacer les boissons hygiéniques,
notamment les vins, mais qu’elle est plutôt destinée à être mélangée à ce dernier
qu’à le remplacer » …Extrait de « L’Indépendant du Louhannais et du Jura
», date non mentionnée (collection particulière)
Aujourd’hui, la source
coule toujours au Bois de la Dame, aux Caravattes. Les installations sont toujours
en place. On dit même qu’il n’y a pas si longtemps quelques Frontenaliens allaient
y chercher leur eau… Et les amoureux de ce lieu espèrent pouvoir remettre en
valeur ce petit site cher aux passionnés de patrimoine et d’histoire locale.
La source au temps de son fonctionnement (collection particulière).
Affiche vantant les mérites de l’eau de Primerose (collection particulière).
Des passionnés de patrimoine devant la source…