Du côté de Frontenaud  3 août 2012
Puisque nous avons entrepris de parcourir les villages situés aux alentours de Cuiseaux, poursuivons notre balade du côté de Frontenaud.
Ce qui frappe lorsque l'on arrive dans le commune, c'est le caractère accueillant : massifs fleuris, anciennes échoppes réhabilitées avec goût, patrimoine entretenu... Pas étonnant si la commune arbore fièrement ses deux fleurs de "Village fleuri".
La mention la plus ancienne du lieu remonte à 1131 à travers "Frontonacum". Par la suite, comme ailleurs, les dénominations évoluent. Citons entre autres : Frontoniacum (1158), Frontenay (1270), Frontenayum (1309), Frontenal (14ème siècle), Frontenau près de Saincte Croix (1473), Frontenay les Cuisel (1476), Frontenaut (1666), Frontenault (1723), Frontenoz (1730), Fronteneaux (1763) et enfin Frontenaud (1844).  
Concernant l'origine du toponyme, les avis divergent : du latin populaire signifiant "fontaine" ou du gentilis latin "Fronto"?
Nulle ambigüité à travers ces lignes : le but n'est pas de donner des leçons d'histoire mais de faire (re)découvrir le patrimoine, parfois évident d'autrefois moins, constituant le caractère typique d'une bourgade, à savoir Frontenaud cette fois-ci. Il s'agit avant tout de s'attarder sur ce qui participe au patrimoine d'une commune et l'idée que s'en font ses habitants. A l'image de Champagnat les mois derniers, Frontenaud ne dérogera pas à la règle d'autant que c'est en ce lieu que l'auteure de ces modestes chroniques a succombé enfant à la "bressanite" qui l'affecte aujourd'hui grâce à deux personnes reposant désormais à l'ombre du vieux tilleul du cimetière de Frontenaud.

Frontenaud, village fleuri, au charme évident.

 

L'église de Frontenaud  10 août 2012  
Commençons notre balade par le bourg et le bâtiment qui rythma la vie des paroissiens : l'église.
En briques, l'église de Frontenaud est placée sous le patronage de Saint Etienne : une statue le figurant est d'ailleurs visible dans l'une des niches intérieures de l'édifice. Par tradition, on aime faire remonter sa date de construction à l'époque romane, mais visiblement les parties les plus anciennes ne semblent pas être antérieures à la fin de l'époque gothique. Y aurait-il eu amalgame entre un précédent édifice et l'église actuelle qui l'aurait remplacée?
Si les travées du chœur et celle sous le clocher sont de l'époque flamboyante, les chapelles latérales ont été bâties dans la première moitié du 19ème siècle et la nef agrandie en 1858. Parmi le mobilier inventorié dans l'église, citons entre autre un bel exemple d'art populaire avec le Christ en croix, un magnifique retable du 16ème siècle et un reliquaire non visible conservant des restes de Saint Antoine et de Saint Sylvestre.
En contrebas de l'église de développe le cimetière de Frontenaud. Ce dernier fut aménagé à sa place actuelle en 1922 (auparavant, il se situait plus près de l'église, au sud) et le mur de clôture fut édifié en 1929.
Face au portail d'entrée se dressent l'une des nombreuses croix de la commune. Celle-ci est une croix de jubilé datant de 1826 portant les inscriptions "Jubilé de 1826. Foi. Espérance. Charité" sur sa base. Derrière, la couvre le vieux tilleul de Frontenaud devant lequel il était d'usage de prendre la traditionnelle photo de groupe lors des mariages.

L'église de Frontenaud vue depuis le bas du cimetière   

La croix de jubilé de 1826

 

 

Aux abords de l'église de Frontenaud...    14 août 2012
Sur la placette servant de parking au cimetière se dresse le seul bien classé Monument Historique (en 1927) de Frontenaud : une croix du 16ème siècle. La "croix de cimetière" comme on l'appelle familièrement est composée d'un emmarchement à deux degrés sur lequel repose un haut piédestal mouluré de type flamboyant, prolongé par un fût hexagonal que couronnent un chapiteau de feuillages puis la croix proprement dite. Cette dernière à la particularité de représenter deux scènes : côté ouest, un Christ en croix, et côté est une Vierge à l'enfant, le tout environné de coquilles Saint Jacques. Faut-il y voir une quelconque relation avec le fameux pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle? Certains le pensent.
A côté de l'église se trouve l'ancienne cure bâtie aux 18ème et 19ème siècles, transformée aujourd'hui en résidence privée. Différents prêtres s'y sont succédés notamment Deliance dans les années 1820, que nous auront l'occasion d'évoquer par la suite. Devenu bien national à la Révolution, ce bâtiment fut récupéré par la commune en 1809 afin d'y loger le desservant de la paroisse. Différents travaux et aménagements eurent lieu au fil des décennies. En 1906, le presbytère est constitué d'un "bâtiment construit en briques, près l'église, comprenant un rez-de-chaussée sans étage, divisé en cinq chambres, cave et grenier, écurie au milieu d'une cour et d'un jardin, le tout d'une contenance d'environ 12 ares  ". En 1920, le bien s'étend sur 32 ares et est composé ainsi : "un bâtiment principal à usage d'habitation et servant de presbytère, un autre petit bâtiment à l'Ouest du précédent et servant de four, situés au bourg de Frontenaud, emplacement, sol, cour, jardin, verger, aisances, dépendance (...)  ".

 

La croix du 16ème siècle classée depuis 1927.   

Détail du côté est.

 

 

Jules Logerotte  24 août 2012
Près de l’ancienne cure, sur la place du village, est installée la bibliothèque. Située dans l’ancienne école de filles (nous y reviendrons), la bibliothèque est l’un des trois pôles de la bibliothèque intercommunale, les deux autres étant Cuiseaux et Varennes-Saint-Sauveur. Nouvellement aménagée et arborant désormais une façade dans les tons rouges, la bibliothèque de Frontenaud sera prochainement rebaptisée « Pôle Logerotte ». Afin de coller à l’actualité, petit arrêt sur ce personnage puis sur le château qu’il fit construire sur la commune : le château des Crozes.
Jules Logerotte est né en 1823 à Chalon-sur-Saône. Licencié en droit, époux de Laure Werbranc, il est avocat à la Cour d’Appel de Paris puis au Barreau de Louhans. Profondément libéral, il resta avocat, n’admettant pas de siéger aux côtés de magistrats ayant soutenu Louis Napoléon.
Elu conseiller municipal de Frontenaud en 1871, réélu en 1874, il devient maire de la commune en 1876. Pour l’anecdote, étant républicain, il est révoqué sous l’Ordre moral en août de l’année suivante. Jules Logerotte fut également Conseiller général de Cuiseaux en 1871 et 1883 ; secrétaire du Conseil général d’octobre 1871 à 1877 ; membre de la Commission départementale de 1871 à 1876 ; député en 1876 ; sous-secrétaire d’Etat à l’Instruction publique, spécialement délégué aux Beaux-arts en 1882, poste dont il démissionnera l’année suivante.
Sur le plan local, il fut l’un des fervents partisans de la construction du collège de filles de Louhans et fut président de la Société d’Agriculture de la ville de 1879 à sa disparition en 1884 à Paris, des suites d’une longue maladie.  
Ayant acquis une certaine fortune, Jules Logerotte effectua de nombreux voyages en Europe durant sa vie, notamment en Italie (il écrivit d’ailleurs ses observations dans un ouvrage publié en 1864 : De Palerme à Turin), et fit édifier à Frontenaud un château, aujourd’hui connu sous le nom de château des Crozes.  

 

Au fond de la place, à gauche du clocher, la bibliothèque de Frontenaud.        

 

 

Jules Logerotte, ancien maire de Frontenaud (illustration extraite de Album de la Bresse louhannaise, Lucien Guillemaut, 1911).

 

 

Le château des Crozes (1/2)   31 août 2012
A moins de deux kilomètres au sud-est du bourg de Frontenaud se trouve le château des Crozes. Commençons par dire que le château ne se situe pas sur le hameau des Crozes mais des Courbes. Les Crozes (ou Croses) sont à quelques centaines de mètres et constituent le point culminant de la commune : 211 mètres. C’est d’ailleurs en ce lieu que fut édifié l’autre château de la commune…le château d’eau !
C’est donc Jules Logerotte qui fit bâtir le château, que nous appellerons des Crozes pour utiliser la dénomination commune, de 1875 à 1880. De style néo-flamboyant, le château est ceint d’un grand parc boisé de près de trois hectares et offre une magnifique vue sur les monts proches du Jura.
A l’origine, le château comportait au sous-sol de vastes caves voutées, une salle de bain, un fruitier et plusieurs pièces à usages divers ; au rez-de-chaussée : un grand vestibule avec escalier, la cuisine, une grande salle à manger, plusieurs salons, un bureau, une bibliothèque et une grande véranda. Le deuxième étage abritait quatorze chambres et une salle de billard alors que sous les combles étaient aménagés deux chambres mansardées et un vaste grenier.
A noter la présence, dans la grande salle à manger, d’une peinture murale représentant une scène estivale de foins et de moissons où se détachent au loin le château et le bourg. Attribuée au peintre de Sagy Jules Guillemin, cette œuvre représenterait de vrais habitants de Frontenaud.
Dans le clos du parc, se situe au sud-est du château un pavillon avec cuisine, salle à manger, deux chambres, salle de bain, écuries et garage. Au sud-ouest s’élève encore la chapelle surmontant le caveau funéraire de la famille Logerotte.

 

 

Le château des Crozes fut l’objet de nombreuses cartes postales (collection particulière).      

La peinture murale de la salle à manger (photographie : collection particulière).

 

        

La chapelle du château abritant le caveau familial des Logerotte.