Ecole libre, pièces de théâtre et salle de répétition
: « Souvenirs, souvenirs… » (1/4) 2 novembre
2012
A Frontenaud existait encore une autre école dont l’imposant
bâtiment en pierre est encore appelé « école libre ». Située sur la route reliant
le bourg à Rérafay, elle n’offrait pas d’enseignement religieux et est devenue
par la suite le lieu de récréation et de loisirs de certains enfants de la commune.
Se
souvenant de ce bâtiment aujourd’hui propriété privée, Daniel, né en 1950 se
remémore ce qu’il s’y passait et apporte un regard général sur la vie du bourg
et de ses habitants dans les années 1960 ainsi que sur l’activité culturelle
du village fortement liée à l’harmonie municipale. Nous y reviendrons plus tard
mais cette petite pause « souvenirs » évoquera sûrement quelques images à certains
lecteurs :
« Village d’environ 750 âmes, on y vit paisiblement, au rythme
des saisons, au son des cloches de l’église sonnant l’angélus (7h, midi, 19h)
mais aussi par les horaires précis de l’arrêt en gare de l’autorail omnibus
en direction de Saint-Amour ou de Louhans.
Le village dessiné par son bourg
avec toutes ses activités artisanales, commerces et écoles est le pôle de rencontres
des habitants répartis sur différents hameaux surtout le mercredi jour de marché
ou on y trouve les commerçants ambulants mais aussi les producteurs locaux venant
vendre volailles, œufs et légumes
En fonction de la saison, les activités
agricoles diffèrent et le bruit de la mécanisation également (les foins, les
moissons, le battage, les récoltes d’automne, les affouages).
Les chevaux
de trait sont petit à petit remplacés par les tracteurs, viendra l’électrification
de la ligne SNCF et de ce fait la disparition des locomotives à vapeur
avec leur panache de fumée qui se voyait de loin et faisaient la joie des enfants,
se trouvant pour l’occasion sur le pont de la gare, enroulés dans une odeur
de charbon et de vapeur, salués par le coup de sifflet de la machine. »
Au temps où l’école libre était encore une école (collection particulière).
Ecole libre, pièces de théâtre et salle de répétition
: « Souvenirs, souvenirs… » (2/4) 9 novembre
2012
« Les routes secondaires du village empierrées sont redressées
et goudronnées permettant confort et meilleure circulation aux automobiles dont
le parc devient plus conséquent.
La scierie Prabel, (située dans les actuels
bâtiments techniques municipaux) ainsi que la fabrique d’emballage Belay de
Rérafay, qui sont les activités principales de la commune voient arriver des
camions de bois de plus en plus volumineux.
Les distractions sont aussi rythmées
aux saisons.
Pendant la période des beaux jours, on rencontre des pêcheurs,
Frontenaud étant sillonné de trois rivières ; les jeunes se retrouvent sur le
terrain de jeux pour taper dans un ballon.
Les fêtes et kermesses des alentours
font partie des occasions de sortie du dimanche.
L’hiver, on se reçoit pour
la veillée entre voisins et amis et à la lueur de la lampe centrale de
la pièce principale, autrefois appelée l’hutau. Les femmes discutent en tricotant,
les enfants jouent souvent avec des jeux en bois ou regardent des bandes dessinées
déjà plusieurs fois parcourues et les hommes jouent aux cartes autour de la
table familiale plantée du traditionnel litre de vin rouge.
C’est aussi à
cette saison que l’harmonie du village, seule activité culturelle, fondée en
1923, concentre ses répétitions en préparation du traditionnel concert du dimanche
après-midi de Pâques. Ce rendez-vous fait partie du calendrier des festivités
de la commune comme le repas des conscrits et la fête patronale qui a lieu chaque
dernier week-end de juillet.
Fin 55, le marchand d’électroménager de Cousance
avait installé poste de télévision et antenne au café Ponsot dans le bâtiment
qui est aujourd’hui face à la roue et qui était la bascule. C’était une manière
de présenter le produit. Tous les soirs quelques rares personnes, surtout les
habitants du bourg et des proches alentours, venaient la regarder dans la salle
du café. Papa m’emmenait voir « La Piste aux étoiles » puisqu’en ce moment on
habitait à la scierie, tout près. Ceci a duré quelques semaines et c’est des
années plus tard que la télé est revenue dans le lieu. On remarquait l’arrivée
des premières télés par les antennes sur le toit. En 1960, l’institutrice Mlle
Chenevard qui habitait au-dessus de l’école des filles avait la télé : elle
invitait ses élèves du bourg à regarder les émissions du jeudi après-midi, entre
autres le feuilleton Rintintin ».
L’ancienne usine Belay
Frontenaud, lieu de détente pour les pêcheurs.
Ecole libre, pièces de théâtre et salle de répétition
: « Souvenirs, souvenirs… » (3/4) 16 novembre
2012
« Comme dans tout village, on y trouve ses personnalités qui
font le fil conducteur des lieux, le maire, le curé, l’instituteur. Par eux
peut apparaître les tendances politiques très bien imagées par le cinéma avec
Pepone et Don Camillo. A Frontenaud, pas d’accent marseillais, c’est le bressan
! Mais la tendance du maire Mr Cabut n’est pas celle du clergé, le curé
Martinet.
Ainsi on voit apparaître des activités théâtrales sur les deux
tendances : celle du maire assisté d’un instituteur, Mr Guérin et du chef de
musique Mr Michel ancien instituteur.
Les représentations ont lieu à l’école
de filles, dans la petite salle de classe de Mlle Chenevard aménagée en scène
avec de grands tréteaux. Des panneaux amovibles dans le mur permettent d’accéder
au public qui se trouve dans la salle voisine. Pendant la période de représentations,
les élèves seront en classe sur la scène ou à l’emplacement public réaménagés
à chaque représentation. Le programme est fait d’une partie concert par l’harmonie
dirigée par Mr Michel et d’une pièce de boulevard. Les années 1956/57 ont sonné
la fin de cette activité.
Celle du curé qui se déroulera dans l’ancienne
école libre route de Rérafay. La salle du bas, ancienne salle de classe a été
aménagée en salle de spectacle avec la scène équipée de rampe d’éclairage à
ampoules transparentes, de décors pivotants permettant d’avoir un intérieur
d’habitation ou un décor extérieur, le rideau en toile de jute qui s’enroule
sur le dessus grâce à une poulie entraînée par une corde et peint par un artiste
local, Marius Bouchard, avec la représentation du bourg de Frontenaud. Les coulisses
étaient le hall de la montée de l’habitation, un escalier de bois placé dans
le passage de la porte permettait d’accéder à la scène, les loges étaient les
pièces du logement de l’étage. Le public étant installé sur des bancs de bois
ou des chaises brinquebalantes. Le programme était fait de chants, de danses,
de sketches et d’une pièce de théâtre (souvent de Labiche). »
Le rideau de théâtre peint par Bouchard représentant une vue de Frontenaud est aujourd’hui propriété de la commune qui pense le faire restaurer dans les années à venir (détail).
Ecole libre, pièces de théâtre et salle de répétition
: « Souvenirs, souvenirs… » (4/4) 23 novembre
2012
« En 1963, quelques jeunes musiciens de l’harmonie se retrouvent
pour former un orchestre de variétés, « Les copains boum », dans le but de jouer
dans les soirées théâtrales et quelques participations dans les kermesses paroissiales
de la région. Les répétitions avaient lieu dans la salle de l’école libre, les
moyens techniques étaient faibles, le batteur jouait sur une ancienne batterie
de récupération. Trois ans plus tard les musiciens de cette formation étant
appelés pour le service militaire, on assiste à la fin des « Copains boum ».
Pendant
ce temps, deux copains d’école, Daniel et Michel se retrouvent pour jouer de
la musique, un à la trompette et l’autre au saxophone. L’idée germe afin de
recréer un orchestre au nom vite trouvé « Dany Michel ». Le groupe alors formé
de sept musiciens, s’installe à nouveau à l’école libre pour ses répétitions.
Il prend part aux soirées théâtrales pendant deux années, vers 1968 les soirées
spectacles ont disparu. L’orchestre a volé de ses propres ailes dans les animations
dansantes de la région.
Cette salle a également servie à la rencontre d’adolescents
autour de madame Louis, avec des activités paraissant dans le journal Fripounet.
»
Au temps des « Copains Boum » (collection particulière).
Coupure du journal Fripounet dans les années 1962 mettant en avant le « Club des Intrépides » de Frontenaud (collection particulière).
L'Union Cycliste de Frontenaud (1/3) 30
novembre 2012
Nous l'avons vu au travers des souvenirs de Daniel,
"Frontenali" né en 1950, les occupations étaient variées à Frontenaud,
souvent créées à l'initiative de quelques personnes, sans lien avec une quelconque
organisation associative. C'est ainsi qu'au début des années 1960, un bon groupe
de jeunes de la commune s'essaye à diverses activités afin de se retrouver mais
aussi de créer une certaine dynamique au sein de la commune. Il y aura la constitution
des Copains Boum, déjà citée, mais aussi l'organisation de combats de catch
où les organisateurs étaient aussi les protagonistes...
Une équipe de football
vit également le jour mais de manière "non officielle" puisque l'équipe
ne comportait que sept joueurs. Les jeunes gens avaient pour habitude de s'affronter
à ceux de "l'équipe" de Sainte-Croix, commune où il n'y avait pas
de terrain de foot. A Frontenaud, le terrain se trouvait à l'emplacement de
l'actuel. Les sportifs de l'époque rapportent que les lignes du terrain étaient
matérialisées par de la sciure ramenée de la scierie Prabel et que les cages
étaient constituées de chevrons, également fournis par la scierie. Les matches
se déroulaient sans interruption de 13h30 à 17h puis se terminaient autour d'un
vin chaud pris au café Ponsot.
L'équipe de Frontenaud arborait comme couleurs
le jaune et le bleu : les équipiers s'étaient mis d'accord pour un "maillot"
jaune car chacun des membres possédait dans ses effets personnels un tee-shirt
jaune... Les chaussettes, bleues et jaunes donc, avaient été tricotées par les
mamans des joueurs...
La jeunesse masculine s'adonnait également au cyclisme,
à l'image de deux jeunes gens qui décidèrent en juillet 1963 de monter au col
de la Faucille. Le "périple" durera deux jours, la nuit de "repos"
ayant été passée dans l'écurie d'une ferme à La Cure. Nous sommes bien loin
de l'organisation médiatique du Tour de France !
Michel et Jean-Paul au départ de l'ascension du Col de la Faucille, au bourg de Frontenaud, le 19 juillet 1963. (Collection particulière)