La toponymie (1/2) 1er juin 2012
Souvent évoquées au fil de ces chroniques relatives à Champagnat, la toponymie et la microtoponymie font partie intégrante du patrimoine local.
La toponymie est une partie de la linguistique qui étudie les noms de lieux (les toponymes) ;  la microtoponymie est le nom généralement usité pour évoquer l’étude des lieux-dits.
Quel intérêt porter de nos jours à ces toponymes ? Leur étude permet tout d’abord de pouvoir dater la période de leur constitution. Bien qu’ayant évolué au fil des siècles, certains suffixes ou radicaux sont révélateurs d’une origine gallo-romaine, germanique ou bien d’une formation médiévale.
Ensuite, les toponymes évoquent des caractéristiques (plus ou moins atténuées au cours des décennies, voire perdues) naturelles, géologiques, géographiques mais aussi architecturelles, historiques, humaines d’un lieu. Ainsi, généralement, la « maladière» rappelle la présence d’une léproserie, la « varenne » un bras mort de rivière, les « chenevières » les parcelles où l’on cultivait du chanvre, la « tuilerie » l’emplacement d’une pareille activité, etc.
La végétation, les occupations humaines, les traditions mais aussi les propriétaires ont pu laisser leur empreinte de manière plus ou moins pérenne et déformée. Il n’est ainsi pas rare d’associer un patronyme à un terrain : le Champ Cochard, la Rippe à Genetet, le Curtil Morey. Parfois, l’utilisation de petit/grand, long /court ou haut/bas permettait de différencier deux parcelles ou deux zones proches comme la Petite Frette et la Grande Frette.
Très riches et diversifiés, les toponymes se résument désormais à peau de chagrin. Le remembrement et les redécoupages de parcelles de ces dernières décennies ont amorcé ce déclin aujourd’hui précipité par la nécessaire normalisation des voies de circulation de nos communes en « Route de machin-chose », « Impasse truc », « Chemin tartampion ».
Avant que tout ne disparaisse, attardez-vous sur de vieux plans, sur les panneaux d’entrée de hameaux ou sur les indications parfois présentes au pied des poteaux électriques : vous verrez, les lieux ont beaucoup à vous dire...

 Les toponymes sont une source de connaissance de notre patrimoine quotidien.

 

La toponymie (2/2) 22 juin 2012
Concernant la toponymie de Champagnat, comme partout, activités humaines et caractéristiques naturelles cohabitent.
Certains lieux-dits émaneraient directement de patronymes comme Les Goys, Poignard (mentionné La Grange Poignard en 1783) ou Groubons. Notons au passage la formation fréquente de patronymes auxquels aurait été ajouté un adjectif afin de différencier deux individus comme dans Petitjean et Grandjean, noms de familles courants en Bresse. Quelques lieux-dits auraient aussi été formés à partir d’un gentilis latin comme Quincenat (de « Quintius ») ou Reuille (de « Rullius ») ou encore Zier rencontré dans le Moulin Zier (de « Gaïus »).
La géographie et la nature ont également donné naissance à la Combe-Buzon, la combe désignant une vallée encaissée et sèche ; à la Côte de Louvarel, en lien avec le dénivelé du sol ; à Valernat, dérivé du mot vallée ; au Taillis, en référence au bois que l’on coupait à intervalles rapprochés.
Les établissements et activités humaines transparaissent à La Ville (nom donné aux domaines ruraux jusqu’au 9ème siècle puis à un village à l’époque moderne), à La Cadole, au Colombier, à La Marre (autrefois mentionnée La Mare), à la Tuilerie et à travers les différents moulins, qu’ils soient Moulin Rouge, Moulin de l’Orme ou tout simplement Les Moulins.
Par contre, l’absence de forme ancienne de toponyme ne remontant pas plus loin qu’aux 18ème ou 19ème siècles laisse parfois dans l’ombre certaines origines, à l’image du Brouchy, de la Liambe ou de la Norme.

 Petit retour sur l’église où la plupart des habitants de Champagnat des siècles derniers,
qu’ils soient de la Ville, de Vaux ou de la Norme, se réunissaient pour les offices.

 

« Chemin de la Fromagerie »  29 juin 2012
Parmi les "nouveaux toponymes" mis en place récemment par la dénomination des voies de circulation, à deux pas du lavoir de la Condamine, nous voici sur le "Chemin de la Fromagerie".
Longé par la Prouillat descendant directement de la montagne, une parcelle présente trois bâtiments que le poids des ans a altérés. Ce domaine fantôme était au siècle dernier une fromagerie.
Les archives notariales  font état en 1919 d’une vente entre les époux Blanc/Gollion d’une parcelle « aux lieux dits Moulin du Champ, Moulin de Champagant et Querelle » (sic) à la Société Fromagère de Champagnat représentée par son président, François Paquelier, et par les gérants Joseph Perrot, Joseph Goux, François Pillegand, Eugène Bondonnat et Jules Guidard, tous cultivateurs.
Différents immeubles sont implantés sur ce terrain dont « une portion de bâtiment (…) composé d’une cave voûtée au rez-de-chaussée, d’une chambre sur la cave et d’une cuisine au bout, au nord de ladite chambre ». Un autre bâtiment fait face à ce dernier ainsi que cours, jardins et terrains.
Un autre acte datant de 1973 mentionne que la Société devient Société Coopérative Fromagère de Champagnat en 1938 et a acquis depuis 1919 d’autres parcelles et biens contigus de 1923 à 1950. Cet acte fait enfin état de la vente des biens immobiliers de la Société Coopérative à deux propriétaires privés, indiquant ainsi la fin de l’activité fromagère sur la commune, activité qui dura une bonne cinquantaine d’années et que la « toponymie » contemporaine a remis au goût du jour…

                

La Prouillat longe l’actuel Chemin de la Fromagerie

 

   

Les bâtiments de la fromagerie encore visibles aujourd’hui