La famille Puvis de Chavannes 6
juillet 2012
Les châteaux et belles demeures ne sont pas rares sur
le canton : Condal, Joudes et Frontenaud en possèdent deux chacun, Varennes-Saint-Sauveur
et Champagnat trois, Flacey et Le Miroir étant les seuls villages à échapper
à cette particularité. Les trois châteaux de Champagnat sont ceux de Reuille,
de la Croix d'Arrignat et du Brouchy, tous bâtis par des membres de la famille
Puvis de Chavannes. Ouvrons ensemble quelques portes afin de terminer notre
"petit" tour de Champagnat.
Les Puvis de Chavannes sont issus d'une
famille de la petite bourgeoisie ayant accompli une ascension sociale continue
sans jamais rompre les liens avec la terre et les territoires dont ils sont
issus. Ce sont d'abord des Puvy puis Puvis qui se constituent peu à peu un patrimoine
foncier non négligeable. Parmi leurs terres, le fief de Chavannes sur la commune
de Dommartin-les-Cuiseaux, possession qu'ils ajoutent à leur nom en 1771. Devenus
seigneurs, ils se font alors appeler "Puvis de Chavannes", permission
que l'Edit de Blois de 1579 a entériné (bien que l'anoblissement par fief ne
soit plus autorisé, subsiste néanmoins la nomenclature du fief dans les patronymes).
C'est ainsi que naît ce que l'on a appelé la "fausse bourgeoisie".
Les
Puvis de Chavannes créent leurs propres armoiries : d'azur au chevron d'argent
avec deux étoiles d'or dans les coins supérieurs de l'écu et un croissant d'argent
surmonté d'une étoile d'or sous le chevron.
Très impliqués dans la vie locale,
ils savent gérer leurs terres et donnent des conseils avisés sur l'agriculture,
à l'image de Marc-Antoine (1776-1851), agronome et savant. Leur implication
s'étendra tout naturellement à la vie politique : le nom de Puvis de Chavannes
fut ainsi porté par des maires, conseillers généraux et députés, ce qui permit
à la famille de prétendre à une certaine reconnaissance régionale et nationale.
Au début du 20ème siècle, les Puvis de Chavannes possèdent encore sept châteaux
dans le canton de Cuiseaux, mais aucun en Bresse louhannaise, prouvant ainsi
leur attachement aux terres où ont vécu leurs ancêtres.
Le château du Brouchy il y a quelques décennies, l’un des
trois châteaux de Champagnat.
(Carte postale : collection particulière)
Le château de Reuille 13 juillet
2012
Premier château sur lequel nous allons nous attarder : le château
de Reuille. A Reuille, en contrebas et à l'ouest de l'église, s'élève sur la
commune de Champagnat l'ancien château de la famille, bâtisse quadrangulaire
à laquelle est adossé un bâtiment de dépendances. Exemple parfait d'une résidence
de campagne "mi-manoir, mi-ferme" , elle fut suppléée par une
belle demeure bourgeoise construite en 1891 quelques dizaines de mètres plus
haut. Composé d'un corps central flanqué d'ailes arrêtées par un pavillon en
équerre, ce château haut d'un étage se remarque par ses encadrements de briques
redentés autour des portes et fenêtres et par ses toits à la Mansard.
En
1973, la commune de Cuiseaux décide d'acquérir Reuille (car le château moderne
se situe sur Cuiseaux et plus sur Champagnat) et d'y aménager une résidence,
afin de soutenir et de poursuivre la démarche initiée par l'association locale
"Association familiale d'entraide aux handicapés physiques et sensoriels".
Le château de Reuille abrite désormais et depuis 1986 un foyer de vie pour adultes
handicapés, connue sous le nom de "La Source.
Reuille, comme
la majorité des autres possessions des Puvis de Chavannes, possédait un parc
et a été bâti sur une éminence, signe de pouvoir et d'un certain rang social.
Le château de Reuille tel que nous le connaissons, abritant « La Source ».
Le château de la Croix d'Arrignat 20
juillet 2012
Deuxième château : celui de la Croix d'Arrignat.
Perché
sur les hauteurs du village et surplombant le bourg, cet édifice a été bâti
de 1894 à 1896 par César Puvis de Chavannes. Construction de plan composite
et essentiellement constitué de deux corps de logis reliés par une galerie basse,
ce château situé sur la route reliant Cuiseaux à Véria est entouré et clos d'un
parc naturel, la propriété s’étendant sur 12 hectares.
Propriété privée
appartenant aux descendants de son constructeur, cette belle et coquette demeure
plongée dans la verdure offre un visage calme et paisible. On se sent de suite
à l’aise devant ce château aux dimensions humaines. Si le lierre fait des façades
son aire de jeux, les grandes baies vitrées de la salle à manger et les décors
de faïence donnent à Arrignat un charmant côté Belle-Epoque.
Petite anecdote
concernant la décoration intérieure de la maison. Le propriétaire, amateur d’art,
de vie et de traditions indiennes a intégré dans la demeure familiale de nombreux
éléments de cette culture : mobilier, statuaire, photographies, etc. Dans la
salle à manger trône un grand tableau représentant une femme hindoue dont une
suivante peigne la longue chevelure… Clin d’œil à « La Toilette », œuvre majeure
du parent Pierre Puvis de Chavannes, dont le tableau moderne et exotique présent
de la Croix d’Arrignat reprend l’exacte composition.
Le château de la Croix d’Arrignat, bâti à la fin du 19ème siècle par un parent du peintre Puvis de Chavannes.
Le château dans son écrin de verdure
Le château du Brouchy 27 juillet
2012
Dernier château de Champagnat : le Brouchy.
C'est Alphonse
Puvis de Chavannes qui en ordonna la construction en 1851. Au centre d'un grand
parc, la demeure de style néo-gothique est de plan quadrangulaire dont chacun
des angles est marqué par la présence d'une fine échauguette coiffée d'une poivrière.
C'est
en ce lieu que Pierre Puvis de Chavannes créa en 1855 des fresques pour orner
la salle à manger de son frère ("Les moissons", "Le retour de
l'enfant prodigue", "Le retour de chasse d'Esaü", "Les vendanges
de Noé", "La pêche miraculeuse") ainsi que des dessus de portes
représentant des natures mortes.
Les bâtiments des communs, au fond du parc
ont également été l'occasion pour le peintre de créer de magnifiques fresques.
En effet, sur les murs extérieurs sont représentées des scènes de vie pastorale.
Bien que fortement abîmé par le temps et les temps (ces fresques sont en effet
peintes sur les murs extérieurs des bâtiments), elles n'en gardent pas moins
une étonnante et impressionnante impression de vie. La revue "Les arts"
de mars 1914 (n°147) a consacré un très riche dossier sur ces fresques moins
connues que celles présentes dans la salle à manger mais tout aussi intéressantes
et pleines d’émotions.
Porté par mariage en 1897 à la famille de Truchis
de Lays, leurs descendants résident encore dans cette belle demeure. Ce château,
classé Monument Historique en 1992 (château, murs extérieurs des communs, fresques,
toitures et parc), est une demeure privée, tout comme celui de la Croix d'Arrignat.
C'est
sur cette visite du patrimoine monumental que s'achève notre balade à Champagnat,
village aux multiples facettes tant architecturales et historiques que naturelles.
Je tiens à remercier toutes les personnes ayant contribué à la rédaction de
ces articles en m'ouvrant leurs portes, leurs archives et en m'accordant un
peu de leur temps, à commencer par Monsieur le Maire, initiateur bienveillant
de ces écrits sur sa commune.
Le château du Brouchy.
Détail de l’une des fresques présentes sur la façade des anciennes écuries : un grand moment de plaisir pour les yeux…