La motte de Semon... 6
avril 2012
Autre lieu historique peu connu de Champagnat : la motte
de Semon. Située entre Dommartin et Cuiseaux, ce hameau est à l’extrémité ouest
de la commune et s’étend également sur les terres du chef-lieu de canton.
Mentionné
dès 1388 en « Semon », le toponyme évoluera en « Symont » (1419), « Semond »
(1473), « Semont » (1578) puis reviendra à « Semon » en 1856 (1). Son
origine est comme d’habitude conflictuelle : du germain « Sigmund » ou du latin
« sub montem » (littéralement « sous la montagne ») ?...
Le long de la route
départementale se devine encore une motte féodale en un lieu connu sous le nom
de « Sous le château ». Recouverte d’un taillis, la motte laisse apparaitre
un double fossé sur plus de la moitié de sa circonférence ; l’autre moitié a
sans doute été arasée au cours des siècles passés. Référencée par les spécialistes,
elle n’a jamais été fouillée.
A quelques centaines de mètres, se dressait
une chapelle mentionnée dans un terrier rédigé en 1744 conservé aux Archives
Départementales du Rhône. En 1749, on retrouve l’estimation des réparations
à effectuer sur cette chapelle décrite en ces termes : « (…) de longueur de
25 pieds et de largeur de 17 pieds et de hauteur de 21 pieds et que l’on a reprit
(sic) les murailles depuis le fondement jusqu’au couvert qui ont été faites
de pierres et de briques, et que le couvert tuiles à crochet a été fait neuf.
(2) ».
Un hôpital y est également cité puisque ces terres appartenaient
à l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem qui les avait reçues de Guy de Tremelay
en 1226. Les archives font mention de Semon comme étant un domaine très étendu
comprenant prés, vignes, terres, moulin, etc. En 1650, c’est Pierre de Montjouvent,
commandeur de Laumusse, qui est à la tête de cet important domaine dont il ne
reste que bien peu de traces dans les mémoires aujourd’hui.
La motte de Semon.
Le double fossé entourant la motte
(1) PRESUMEY R., La
toponymie de l’arrondissement de Louhans. Faculté des Lettres et Sciences
Humaines de Besançon (1966).
(2) Archives
Départementales du Rhône 3E66789
Champagnat côté loisirs 13
avril 2012
Lorsque vous êtes à Semon, remarquez l’ancienne école
du hameau. Cette dernière a été construite conjointement, en 1910, par les municipalités
de Champagnat et Cuiseaux afin d'accueillir les enfants de la partie "bressane"
de Champagnat. Elle ferma ses portes en 1967.
A deux pas de là se situe le
cœur de l'activité de loisirs, pour ne pas dire de plaisance, de Champagnat
: Louvarel. Camping, plan d'eau, animations et activités diverses ont donné
à ce lieu une réputation dépassant aujourd'hui les limites du canton pour la
qualité de l'aménagement qui y a été fait.
La base de loisirs a été créée
en 1999 par la Communauté de Communes du Canton de Cuiseaux sur une superficie
de 55 hectares. Des panneaux de médiation ponctuent les abords du site pour
expliquer le pourquoi de ce projet et son histoire mais aussi donner quelques
éléments de lecture du paysage comme c’est le cas dans la partie « bocage bressan
». A noter que plus de 180 kilomètres de chemins balisés de randonnée parcourent
le canton, aboutissant tous au plan d’eau.
Mais Louvarel, c’est aussi un
hameau possédant de petits joyaux d’architecture bressane traduisant bien, dans
ce secteur frontalier, la juxtaposition des deux types d’habitat présents en
Bresse. Le hameau de Louvarel doit son nom au ruisseau "Louvaret"
le traversant, d'où la présence de nombreux toponymes contenant le nom de "moulin"
dans ce secteur : "Moulin Rouge", "Moulin de l'Orme, "Moulin
Zier", "Bois des moulins"...
Alors, si vous avez l’occasion
de venir vous détendre à Louvarel, n’hésitez pas à quitter quelque peu les chemins
de la base de loisirs pour découvrir le cœur du hameau surplombant le plan d’eau.
Le plan d’eau de Louvarel, au cœur de la base de loisirs.
« Moulin Rouge » et loups à Champagnat 20
avril 2012
A quelques centaines de mètres de la base de loisirs de
Louvarel, sur la commune voisine de Dommartin-les-Cuiseaux, se dresse la sculpture
dessinée par Jean Brisé, mettant en avant le fier gallinacé bressan : plus haut
poulet du monde, ce dernier a été réalisé par l’entreprise locale « Les Chaudronneries
du Revermont » afin de symboliser l’aire du Poulet de Bresse. Cette aire située
sur l’A39, projet également promu par la Communauté de Communes du Canton de
Cuiseaux, participe à une véritable dynamique économique et touristique pour
la région.
Pour terminer sur le visage "loisirs et détente" de
Champagnat, faisons une petite halte à "Au domaine du Moulin Rouge",
sur la route reliant Dommartin à Cuiseaux. Installée depuis quelques années,
cette enseigne a pris la succession du "Moulin Rouge", restaurant
pizzéria à la renommée qui, encore une fois, dépassa de loin les frontières
du canton. Pendant plus de vingt ans, les propriétaires de ce lieu de charme
ont rénové de leurs mains et avec un goût exquis cette ancienne ferme toute
en pierre pour lui donner un cadre typique, naturel et humain auquel était très
attachée l’auteure de ces lignes, qui passa ces années estudiantines dans ce
restaurant aux allures de musée en tant que serveuse.
Près de Louvarel se
trouve à « Gratte-Loup » une très belle ferme de type bugeyen entièrement en
pierre : sous un unique toit très bas, la bâtisse abrite habitation et dépendances.
En 1889, à l’occasion de l’ouverture du chemin vicinal passant à proximité de
la ferme, des vestiges de constructions antiques ainsi que des monnaies romaines
furent découverts.
Notons pour terminer la relation entre les toponymes
de « Louvarel » et de « Gratte-Loup » (ou « Grateloup ») rappelant tous deux
la forte présence autrefois des loups en Bourgogne et en Comté.
La ferme de Gratte-Loup.
Le patio du Moulin Rouge il y a quelques années
L’histoire religieuse de Champagnat 27
avril 2012
En 1905, le prêtre de Champagnat, Pierre Sermesse, rédigea
quelques notes sur sa paroisse. En parcourant ce document, différents éléments
du patrimoine religieux de la commune mais aussi de son histoire sont révélés.
Trois
chapelles sont ainsi mentionnées comme ayant été érigées autrefois sur la commune.
Une première était dédiée à Saint Sylvestre, patron secondaire de la paroisse,
à Goz. Une seconde se trouvait à Mary (ou Marie), sous le vocable de la Sainte
Vierge ; par tradition, on rapporte d’ailleurs que ce toponyme (mentionné comme
tel dès 1403) serait lié de la présence de cette chapelle… Dans ce hameau existe
toujours une impressionnante et majestueuse allée de tilleuls séculaires que
l’on disait conduire à la chapelle. Enfin, une troisième chapelle dédiée à Notre-Dame
de la Croix aurait été érigée dans la partie basse du cimetière. Toutes trois
ont disparu, abandonnées ou détruites.
Lucien Guillemaut (3)
rapporte lui-aussi quelques évènements concernant la vie religieuse à Champagnat,
notamment à l’époque révolutionnaire :
« Il est certain que dans le Louhannais, un certain nombre de prêtres, presque tous anciens assermentés, avaient continué à dire la messe et à donner, en cachette, les sacrements. Dans quelques communes, certains épisodes, souvent exagérés par la tradition et la légende, se rattachent à leur présence et à leur action. On cite quelques endroits écartés, quelques maisons isolées, où ils se rendaient plus particulièrement où qui leur servaient de refuge. Dans le canton de Cuiseaux, à Champagnat, une grotte d’un accès très difficile, située derrière le village de Vaux, en aurait abrité quelques-uns, et on montre au hameau du Suchet, un noyer, au pied duquel on disait la messe pendant la nuit. »
Ces deux lieux semblent avoir aujourd’hui disparu de la mémoire collective.
Différents
procès (4) font effectivement état de la pratique du culte catholique
sur le canton pendant la Révolution où des croix étaient systématiquement abattues
puis « raccommodées » (sic) et replacées. Le 25 avril 1796 l’arbre de la liberté
de Champagnat fut ainsi abattu à la hache par la population sous les ordres
des prêtres réfractaires et une croix fut placée à côté. Le calme revint l’année
suivante lorsque les ornements et objets de culte vendus en 1794 reprirent leur
place, tout comme la croix du clocher.
L’allée de tilleuls à Mary à la tombée du jour.
A l’arrière de l’église de Champagnat…
(3) Guillemaut,
L. Histoire de la Révolution dans le
Louhannais. Imprimerie Romand, 1903. Tome 2, page 302
(4) Cf Chanoine Ravenet. Histoire religieuse du Louhannais au cours
des années 1789-1802. Autun, 1938.