Traditions Bressanes / Lieux de mémoire, mémoires des lieux…
Bassins, fontaines et lavoirs de Cuiseaux 1er
avril 2011
Puisque nous nous sommes arrêtés à la fontaine de la place
de l’église la semaine dernière, poursuivons notre visite de Cuiseaux avec ce
type de patrimoine hydraulique.
Courtépée mentionnait déjà vers le milieu
du 18ème siècle la présence de nombreuses fontaines en la ville : car l’eau
ne manquait pas aux environs mais le problème était de la capter puis l’acheminer
jusqu’à la cité afin que son usage soit commode pour l’ensemble des habitants.
C’est sous la Révolution que l’on met en place deux premières fontaines : dans
les années qui suivront, les dirigeants de la ville s’entoureront d’entreprises
spécialisées pour que chaque quartier de la ville soit pourvu au mieux en eau
afin de subvenir aux besoins de la vie quotidienne mais aussi pour posséder
des réservoirs en cas d’incendie.
Aujourd’hui, neuf éléments architecturaux
constituent encore ce patrimoine, à commencer par le grand bassin en quart de
cercle bordant l’Hôpital et servant de collecteur d’eau principal. Outre la
fontaine de la place de l’église déjà évoquée, une fontaine est adossée au mur
de clôture de l’hôtel de Courtivron, rue Saint Thomas. Cet ouvrage présente
une margelle semi-circulaire moulurée et un frontispice creusé d’une niche en
plein cintre et couronné par un fronton triangulaire de type toscan.
Autre
fontaine au bas de la rue des Nobles : datée de 1861 et adossée au mur d’une
propriété privée, elle est rectangulaire et possède un pilier médian cylindrique
couronné d’un vase. Le bec déversoir situé au centre du pilier a disparu mais
reste cependant la volute de fonte qui le soutenait.
La rue du Repos possède
une fontaine datant de 1863 : circulaire avec pignon médian coiffé par un massif
sommital mouluré, elle présente deux becs striés. L’esplanade de la Promenade
a elle aussi sa fontaine en ove avec pilier médian et deux becs, ainsi que l’angle
des rues Saint-Thomas et de l’Enfer dont subsiste la margelle de la fontaine,
tout près de la maison à échauguette. A proximité de la rue de l’Ecce Homo et
bordant la place de l’Hôpital se trouve un petit réservoir en forme d’auge rectangulaire.
Enfin, un petit lavoir a été conservé près du grand bassin, place de l’Hôpital.
Avec
autant de richesses à découvrir, une balade s’impose non ?
La
fontaine de l’hôtel de Courtivron est l’un des neufs éléments du patrimoine
hydraulique de Cuiseaux.
Les arcades de Cuiseaux 8 avril 2011
Les
Bressans et les visiteurs de passages ne peuvent éviter les célèbres arcades
de Louhans ; mais celles de Cuiseaux, en nombre bien plus restreint, valent
elles aussi le détour.
Situées aux abords de l’église, elles s’étirent sur
deux côtés de la place du même nom : le long de la rue Saint Thomas en enfilade,
et entre cette rue et celle de l’Ecce Homo. Plus ou moins hautes, plus ou moins
larges, plus ou moins rénovées, toutes les maisons surmontant les arcades apportent
à ce quartier de l’église un charme bien particulier et en fait l’un des quartiers
de Cuiseaux les plus pittoresques. A noter que, comme à Louhans, des commerces
animent la vie des arcades : alimentation, boulangerie, bureau de tabac…
Les
maisons à arcades sont le reflet d’une architecture bourgeoise datant du 16ème
siècle, parfois remaniée au 17ème siècle comme l’attestent quelques dates gravées
sur les bâtiments. Au fil des époques, les matériaux ont évolué ou ont été remployés
: on trouve ici, en une sorte de condensé, les différents visages de Cuiseaux
entre fenêtres à linteau à accolade, balcons en fer forgé ouvragé, arcades en
plein cintre, fenêtres à meneaux, lucarnes etc.
Ces maisons à arcades
appartenaient à des familles importantes de Cuiseaux dont la présence marque
encore aujourd’hui la ville. C’est ainsi à cause des frères Grenat, Joseph et
François, tous deux bouchers au milieu du 19ème siècle, que l’une des rues perpendiculaires
à la rue Saint Thomas s’appelle la « Rue de la Boucherie ».
Mais la maison
sans doute la plus connue de cette enfilade d’arcades est l’Hôtel Puvis de Chavannes.
Situé juste en face du parvis de l’église, cet immeuble édifié sur deux étages
surmontant les trois arcades en plein cintre du rez-de-chaussée était la propriété
des Puvis de Chavannes. Cette famille, dont les aïeux furent lieutenant au baillage
de Cuiseaux, avocat en Parlement ou encore Conseiller général de Saône-et-Loire
à la fin du 18ème siècle, possédait également de grosses demeures dans les environs
: domaine de Chavannes, château de Reuille, du Brouchy, de Marciat, des Charmeilles…
La famille avait ses armoiries « d’azur au chevron d’argent, accompagné en chef
de deux étoiles d’or et en pointe d’un croissant d’argent surmonté d’une étoile
d’or ».
Occupé pour un temps par les services de la Gendarmerie Nationale,
l’Hôtel Puvis de Chavannes est aujourd’hui constitué d’appartements d’habitation.
Au-delà de son importance sur Cuiseaux, la famille Puvis de Chavannes est restée
célèbre grâce au talent de l’un de ses membres, Pierre Puvis de Chavannes, peintre
symboliste né à Lyon en 1824.
Située
entre les rues Saint Thomas et de l’Ecce Homo, cette maison à arcades a retrouvé
son faste d’antan.
Pierre Puvis de Chavannes 15 avril 2011
Petit
arrêt pour évoquer l’un des hommes célèbres de Cuiseaux dont la famille a été
évoquée la semaine dernière : Pierre Puvis de Chavannes.
Né en 1824 à Lyon,
Pierre Puvis de Chavannes fut un peintre important de la deuxième moitié du
19ème siècle : il se fgorme auprès d’illustres ateliers parisiens dont celui
de Delacroix, en étudiant des artistes comme Ingres ou Raphaël et en effectuant
deux voyages en Italie à la découverte des artistes florentins, vénitiens et
bolonais du 14ème au 17ème siècles. Durant sa carrière, il s’attachera à représenter
des thèmes historiques et à utiliser un langage allégorique qu’il traduisit
de façon monumental dans les grandes fresques murales qui lui furent commandées
en France (musée d’Amiens et de Marseille, Panthéon et Hôtel de Ville de Paris)
et à l’étranger (Public Library de Boston).
Calmes et paisibles sont les
peintures de Puvis de Chavannes, sentiments sans doute provoqués par l’emploi
d’une gamme colorée restreinte et d’une lumière égale et abstraite. Le peintre
aux origines cuiselliennes sera considéré avec intérêt par les nabis ou Picasso
et influencera le mouvement symboliste naissant dans les années 1885.
Les
œuvres de Puvis de Chavannes sont présentes dans de nombreux musées nationaux
et internationaux : Musée d’Orsay, Petit Palais, Musée des Ursulines de Macon,
Musées des Beaux-arts de Rouen, Lyon et Marseille, Art Institute de Chicago,
Hermitage de Saint-Pétersbourg, National Museum of Western Art de Tokyo, etc.
Plus
proche de nous, une œuvre de Pierre Puvis de Chavannes est présente dans l’église
de Champagnat. Il s’agit d’une « Flagellation » peinte en 1858, mesurant plus
de deux mètres de haut, et classée Monument Historique au titre d’objet en 1976.
Un comité Pierre Puvis de Chavannes a été créé en 2002 afin de « veiller
au respect de la personne et de l’œuvre » du peintre. Il est principalement
composé de descendants des frère et sœurs de Pierre ainsi que de chercheurs
et historiens.
Pierre Puvis de Chavannes est mort en 1898 et repose au cimetière
ancien de Neuilly-sur-Seine.
L’hôtel
Puvis de Chavannes garde la mémoire du peintre à Cuiseaux.
Edouard Vuillard 22 avril 2011
Autre
enfant célèbre de Cuiseaux s’étant illustré dans le monde des arts : Edouard
Vuillard. Peintre renommé de la fin du 19ème siècle, Edouard Vuillard est né
à Cuiseaux dans une famille modeste en 1868. Il quittera la ville avec ses parents
pour aller s’installer à Paris à l’âge de 10 ans où il suivra ses études au
lycée Condorcet puis à l’Ecole Nationale des Beaux-arts et à l’académie Julian.
Artiste-peintre, il participa au Salon en 1889 puis côtoya les Nabis Paul Serrusier
et Pierre Bonnard dont il fut particulièrement proche.
Sa peinture, quelle
que soit la palette de couleurs qu’il utilise, a toujours eu des reflets intimiste
: Vuillard aimait particulièrement représenter des scènes d’intérieur faiblement
éclairées par une lampe. Les scènes de vie domestique étaient également appréciées
de Vuillard qui a de nombreuses fois représenté sa mère et ses sœurs au travail,
ses dernières étant devenues couturières à la mort du père de l’artiste. Les
tissus, tentures, les motifs, les textures sont des éléments redondants des
toiles de Vuillard, et l’influence des estampes japonaises est également fortement
présente.
Son œuvre est importante et Vuillard s’illustra aussi bien dans
la représentation de figures, portraits, intérieurs et natures mortes ; il participa
à la mise en scène et aux décors d’une dizaine de pièces de théâtre et fut également
dessinateur, graveur, illustrateur et peintre de compositions murales. De grands
ensembles ont ainsi décorés les salons des amis du peintre mais aussi des édifices
publics : l’un des plus important et connu reste « Les Jardins publics », dont
cinq des neuf panneaux sont conservés et présentés au Musée d’Orsay.
Durant
toute sa vie, Vuillard travailla sans relâche, restant très discret et réservé
: il s’éteignit discrètement à La Baule en 1940.
Les Amis de Cuisel et la
ville de Cuiseaux rendirent de nombreuses fois hommage à cet enfant du pays,
artiste majeur pourtant souvent et injustement ignoré du grand public. En 1968,
une plaque commémorative fut posée sur la façade de sa maison natale, au numéro
48 de la rue portant désormais son nom, la « Rue Edouard Vuillard ». On peut
y lire : « Dans cette maison est né le peintre Edouard Vuillard le onze novembre
1868 ».
La
Rue Edouard Vuillard, parallèle à la Rue Saint Thomas abrite la maison natale
du peintre nabi Edouard Vuillard.