La maison à échauguette 12 août 2011
Face au bassin de l’hôpital descend la Rue de l’Hôpital, dite aussi Rue des Tanneurs : très large, c’est en ce lieu qu’exerçaient les tanneurs de la ville. Elle est prolongée par la Rue de l’Enfer. Déjà rencontré à Louhans, ce nom provient-il du fait que cette rue était autrefois mal fréquentée ?... Parallèlement, est la Rue des Lombards : il se dit que dans le passé commerçant de Cuiseaux, de nombreux drapiers italiens venus de Lombardie auraient séjournés dans la cité, d’où le nom donné à cette voie.
Dans ce quartier nord de la ville, à l’intersection de la Rue Saint Thomas et de la fameuse Rue de l’Enfer se situe une maison à tourelle polygonale, connue sous le nom de « maison de la Vieille Tour » ou de « maison à échauguette ».
A l’origine, une échauguette est le nom donné à la guérite en bois ou en pierre placée en encorbellement sur la muraille ou l'angle d'une construction fortifiée, permettant d'en surveiller les abords. Par extension, on a appelé échauguette une petite tourelle placée en encorbellement à l'angle d'une maison d'habitation.
S’élevant sur deux étages, cette maison supporte donc une tourelle d’angle dont le soubassement aveugle est supporté par un encorbellement mouluré présentant deux écus : l’un porte la date de 1623 et l’autre des lettres entrelacées. Deux bandeaux horizontaux la divisent en trois niveaux dont les deux supérieurs sont éclairés par de petites baies à accolade.
Concernant la maison-même, différentes ouvertures rythment ses deux façades principales et perpendiculaires. Côté Rue Saint Thomas, une porte de type toscan en plein cintre se dessine et une large baie à tablette d’appui allant autrefois jusqu’au sol laisse à penser que cette demeure devait être celle d’un marchand et lui servait d’échoppe. Quant aux corbeaux surmontant la baie, servaient-ils de supports à un auvent en bois abritant le « stand » de vente, accueillaient-ils des perches permettant d’étendre des toiles de chanvre ou servaient-ils à pavoiser les rues avec des tentures les jours de fêtes ?...
Face à la maison à échauguette se dresse une élégante maison admirablement bien restaurée avec sa belle montée d’escalier protégée par un auvent, son entrée de cave et son linteau portant la date de 1579 qu’encadrent des entrelacs et des initiales.

La maison à échauguette, à l’angle des rues de l’Enfer et Saint Thomas.

 

 

Belle maison vigneronne faisant face à la maison à échauguette.

Dans la Grande Rue… 19 août 2011
En poursuivant notre descente, non pas aux Enfers, mais rue de l’Enfer, de toujours aussi discrètes mais belles façades attirent l’œil du visiteur : ici un linteau sculpté, là l’ouverture d’une ancienne échoppe aujourd’hui murée, ici un bassin semi-circulaire, encore une porte à accolade gothique typique des entrées de caves, etc.
Au bout, nous voici dans la Grande Rue, dite aussi Rue Vuillard, du nom du peintre déjà évoqué dans ses colonnes en avril dernier. Cette rue était l’ancienne chaussée reliant Besançon et Lons à Lyon. Devenue Route Nationale 83 très fréquentée notamment par les poids lourds, elle fit l’objet d’une déviation à la fin des années 1980. Depuis, le calme permet de s’attarder devant quelques édifices…
Outre la maison natale de Vuillard au numéro 48, arrêtons-nous, à peu près au milieu de la rue, devant la façade abritant aujourd’hui l’agence du Crédit Agricole : tout en pierre et présentant de larges ouvertures en plein cintre, cette façade indiquait autrefois l’entrée des granges de l’Hôtel Puvis de Chavannes.
Quasiment en face, est une petite place où le marché hebdomadaire du vendredi matin a désormais pris ses habitudes. Une fontaine à bassin circulaire y trône, juste à côté du restaurant Vuillot, nouvellement repris. En contrebas de cette place s’étend le Champ de Foire, à côté des anciens entrepôts de l’usine Morey.
Pour ne pas oublier que nous sommes dans une ancienne cité possédant des remparts, remarquons que la petite route débouchant sur la droite du Champ Foire est appelée « Chemin de Ronde », et qu’à l’extrémité de la Grande Rue, côté sud, se trouvait l’une des portes donnant accès à Cuiseaux : la Porte de Paris.
Côté édifices remarquables, citons juste à côté de la placette donnant sur le Champ de Foire, l’ancien Hôtel-de-Ville et collège religieux (du 16ème au 19ème siècle) où Edouard Vuillard reçut les enseignements des frères maristes. Cet édifice devint ensuite école laïque de garçons de 1888 à 1955 puis gendarmerie de 1957 à 1999. Aujourd’hui se sont des logements qui y ont été aménagés : c’est d’ailleurs en ces murs que l’association œuvrant à la mise en valeur du patrimoine de Cuiseaux, Les Amis de Cuisel, a leur local.

La Rue Vuillard, avec l’entrée des anciennes granges de l’Hôtel Puvis à gauche

L’ancien collège religieux de Cuiseaux

 

L’Hôtel Nayme (1/2)  26 août 2011
Aux numéros 60 et 62 de la Grande Rue de Cuiseaux est établi l’Hôtel Nayme, du nom de son constructeur, Jean-Etienne Nayme des Oriolles (1744-1816), dernier seigneur de Cuiseaux et …premier maire élu de la ville. Il fit construire ce bel hôtel particulier en 1787. L’Hôtel Nayme est appelé Hôtel de Courtivron du nom de la famille qui en est actuellement propriétaire.
Au 17ème siècle, la terre de Cuiseaux appartenait aux Nassau que le dernier représentant, Frédéric Casimir, comte palatin, vendit à Henri de Condé. Sa postérité la vendit à son tour dans les années 1760’ à Alexis Fontaine des Bertins, membre de l’Académie des Sciences et mathématicien de renom. Petite anecdote au passage sur ce personnage : il ne voulut pas jurer le serment de conserver inviolables les privilèges et franchises de la ville ; ainsi, il fut considéré comme « prétendu seigneur de Cuiseaux ». Il mourut criblé de dettes en 1771 et c'est Constantin Nayme, prêtre, qui, malheureusement pour lui, dut assumer ce lourd passif. Puis la seigneurie revint à son neveu et héritier, Etienne-Jean Nayme, conseiller garde des sceaux au parlement de Bourgogne. C’est la fille de leur héritier qui, en épousant le comte Aynard-François-Louis-Marie Le Compasseur-Créquy-Montfort de Courtivron, fit que l’Hôtel Nayme est actuellement propriété de la famille de Courtivron.
Propriété privée, cet édifice est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monument Historique depuis 1989 pour ses façades et toitures, sa porte d’entrée, sa grille et son mur d’enceinte. Pour le service des Monuments Historiques de l’Etat, ce classement est dû à l’influence de Soufflot sur cet immeuble.
Jacques-Germain Soufflot (1713-1780) était un grand architecte français qui fut l'un des principaux artisans du retour au « grand goût » dans les années 1750, mouvement qui s'opposait à l’art rocaille. Son architecture reprend des principes de l'architecture gothique adaptés à un vocabulaire antique et classique. Son œuvre la plus connue est l’église Sainte-Geneviève à Paris, plus connue sous le nom de Panthéon, mais il exerça également ses talents à Lyon où encore à Mâcon où il dessina l’Hospice de la Charité.

Côté Grande Rue, l’Hôtel Nayme s’élève tout en noblesse et en régularité.