Traditions Bressanes / Lieux de mémoire, mémoires des lieux…
La cité « des clés » 7 mai 2010
Au
fil des décennies, l’église de Louhans se parent de nouvelles chapelles, de
nouveaux ornements notamment grâce aux dons de ses bienfaiteurs : réédification
du chœur en 1507, du clocher en 1526, du portail en 1543…
Mais les temps
ne sont pas toujours au beau et pendant les Guerres de Religion, les saccages
et pillages mettent à mal l’organisation de l’édifice et des familiers : les
vases sacrés sont profanés et le culte interrompu. Sans parler des fortes dépenses
versées par la cité au profit du Royaume en ces années troublées ! Mais
la ville sera récompensée de son soutien à Henri IV par celui-ci lors de son
accession au trône en 1589.
Depuis
quelques temps déjà, Louhans possédait pour armoiries deux clés entrecroisées
: les blasons permettaient aux chevaliers, aux grandes familles et aux cités
de se reconnaître sur les champs de bataille. Si certains ont vu dans ces clés
une référence à Saint Pierre, patron de l’église et portier du Paradis (d’où
les clés), il s’agirait en fait d’un rappel du caractère fortifié de la ville,
deux portes permettant son accès. Symboliquement, les seigneurs du lieu étaient
détenteurs de Louhans et en avaient pleine jouissance, régissant notamment l’ouverture
des portes de la Grande Rue, donc la vie des bourgeois, et les impôts qui étaient
levés.
En 1589, donc, en remerciement de son soutien, Henri IV accorde la
privilège à la cité bressane de surmonter ses armoiries d’une fleur de lys,
symbole de la royauté. Ainsi, si le passant s’attarde un peu dans le quartier
de l’église, il verra au pied de la flèche du clocher l’inscription « Ave Maria
» sculptée dans la pierre suivie des clés seules, l’ornement datant du 15ème
siècle, alors que le blason surmontant le porche de l’Hôtel de Ville ainsi que
celui présent sur les plaques de rue présentent cette fleur de lys, souvenir
de la plus haute distinction qu’eut connue la cité.
Les armoiries louhannaises présentent les deux clés d’accès à la cité surmontée de la distinction royale accordée en 1589 par Henri IV, la fleur de lys.
Ornements et symboles 14 mai 2010
Avant
nos constructions modernes, il était d’usage que l’édifice le plus élevé d’un
village soit l’église. La prédominance de son clocher permettait à chacun de
ne pas oublier la supériorité de la religion sur l’esprit des villageois ainsi
que sur le pouvoir seigneurial.
Sous le clocher, la ou les cloches étaient
sonnées autrefois en cas d’incendie ou en temps de guerre, des veilleurs y ayant
leurs quartiers. Ainsi, on sait qu’en 1526, le clocher de l’église de Louhans
était surmonté d’un dôme possédant un beffroi à sa base afin d’y loger le guetteur
de nuit.
La cloche était également activée pour tous les incidents de la
vie communale ainsi qu’à l’occasion des phases intimes de la vie familiale des
paroissiens. L’assemblée des habitants, les heures de travail et de repos, le
lever du soleil et le couvre-feu étaient signalés ainsi, tout comme les besoins
du culte. Enfin, il était d’usage de faire sonner les cloches à tout va en cas
de foudre, le vacarme étant sensé éloigner les éclairs.
Concernant les ornements,
on sait que l’église de Louhans possédait au 16ème siècle une horloge et des
orgues. Petite anecdote, les chaises sont restées longtemps inconnues dans l’édifice
où uniquement les nobles et les bourgeois avaient le droit d’être assis, sur
des bancs en chêne portant leurs armoiries sur le dossier. Après 1789, les privilèges
tombant, ces bancs furent enlevés de l’avis même des nobles et bourgeois avançant
les avantages d’un gain de place et de commodité. En même temps, les clôtures
des chapelles seigneuriales furent retirées.
Saint Pierre aux portes de l’église de Louhans.
Sépultures et inhumations 21 mai
2010
Dans les premiers siècles de notre ère, il était d’usage que
les martyrs et les personnages illustres dans leur piété et leur sacerdoce soient
enterrés dans des lieux saints.
A l’époque médiévale, les fidèles mirent
une telle ardeur à vouloir être inhumés dans des lieux saints ou de culte, que
les évêques cédèrent à leurs attentes et autorisèrent cette pratique qui déboucha
très vite sur des abus. Les sépultures ne se limitèrent plus au narthex et à
l’entrée de la nef mais se généralisèrent tout au long de la nef et dans des
chapelles, se rapprochant ainsi du chœur.
Il n’est pas rare de voir encore
de nos jours des dalles funéraires sur le parvis et à l’intérieur des églises,
signalant l’inhumation d’hommes d’église, de notables ou de bienfaiteurs des
lieux. La plupart sont devenues lisses, à force d’usure et de passage car ces
dalles étaient placées de façon stratégique sur le chemin des fidèles. Ces derniers
devaient ainsi penser à la mémoire des disparus et prier pour leur salut, comme
les formules gravées sur ces tombes l’incitaient.
Dans le même ordre idée,
s’est généralisé le fait que les bienfaiteurs d’un hôpital ou d’un hôtel-dieu
puissent être inhumés sous les dalles de l’une des salles des malades. On imagine
aisément les problèmes d’hygiène de telles pratiques… Pour limiter de
tels abus ainsi que les risques de contamination en période d’épidémies, Louis
XIV prescrivit par une ordonnance royale en mars 1776 la création de cimetière
publics en dehors des villes.
Certaines dalles funéraires sont des œuvres d’art à part entière, ainsi celle d’Etienne de Sainte-Croix, en l’église du même nom, datant de 1350.
Le cimetière de Louhans 28 mai 2010
Lorsque
cette ordonnance royale de 1776 incitant à la création de cimetière en dehors
des villes est proclamée, Louhans enterre toujours ses morts autour de l’église.
Comme c’est très souvent le cas dans le village, les tombes ceinturent l’édifice
permettant ainsi aux défunts d’être plus proches de la « maison de Dieu » et
du « sains des saints » (le chœur de l’église). Pour les vivants, c’était l’occasion
de ne pas oublier leurs disparus, les « côtoyant » lorsqu’ils se rendaient aux
offices où parcouraient les rues du quartier de l’église.
Ce cimetière était
accessible par les ruelles débouchant de la Grande Rue et s’étendait sous les
pavés de l’actuelle place Général de Gaulle, à l’arrière du porche. Il était
clôturé par des murs, des grillages de fer et par les maisons des familiers,
membres de l’association ecclésiastique organisant la vie de l’édifice. L’une
de ces bâtisses abritait d’ailleurs une petite école dirigée par un clerc et
instituée par le chantre de l’abbaye de Tournus.
En 1531, on sait que le
cimetière cherche à s’étendre du côté de l’hôpital et que c’est en 1662 qu’il
est clôt afin d’éviter que le bétail n’y pénètre. En 1785, presque dix ans après
l’ordonnance, le cimetière de Louhans est transféré à l’Ecotet, le site primitif
autour de l’église devenant trop petit par rapport au nombre d’habitants et
des questions d’hygiène se faisant sérieusement ressentir.
Le nouveau cimetière
est donc au-delà des portes de la ville, en bas de la côte de Châteaurenaud,
près de la Seille ; parallèlement, les inhumations au sein même de l’église
paroissiale sont interdites. Le 1er janvier 1882, le cimetière est à nouveau
transféré : il est désormais et encore aujourd’hui établi au nord de la ville,
à proximité de Bourgchâteau.
Le premier cimetière de Louhans s’étendait en arrière de l’église.