Traditions Bressanes / Lieux de mémoire, mémoires des lieux…

Chapelles et confréries   4 juin 2010
Entre dévotion et paraître, les fondations de chapelles étaient nombreuses au sein de l’église de Louhans. Au 14ème siècle, on sait qu’il en existait autour de l’abside mais aussi le long de la nef, ces chapelles se réduisant parfois à un autel ou à un acte bien déterminé du culte réalisé au pied de tel pilier, contre tel mur…
Cette prolifération de cultes et de dévotion à des saints particuliers par l’intermédiaire d’érection de chapelles, on la doit avant tout aux confréries et corporations de la ville. Chaque corps de métier, en général depuis l’époque médiévale, était réuni sous une bannière personnalisée protégée par un saint patron. Ce saint était choisi par un lien plus ou moins direct entre l’activité représentée et la vie du saint évoqué : ainsi, la Compagnie de l’Arquebuse avait-elle comme saint patron saint Sébastien, martyr mort le corps transpercé de flèches. Il arrivait également que ce choix soit fait uniquement par analogie phonétique : saint Cloud était le patron des cloutiers et saint Roch des paveurs… Nous avons déjà eu l’occasion de rencontrer cette caractéristique dans la tradition populaire : saint Denis protecteur de la basse-cour (« des nids »), sainte Apolline des juments (poulines), sainte Claire guérissait les maladies des yeux et saint Garadoz les maux dorsaux…
Les corporations organisaient également des processions en fonction du calendrier et de leurs activités en faveur des saints évoqués dans les chapelles. A ces processions et prières venaient s’ajouter celles données sur le conseil des familiers et des échevins notamment en cas de sécheresse ou de fortes pluies… Il n’était pas rare que les saints soient « mis à toutes les sauces ».     

       

 En plus de son saint patron, chaque confrérie possédait ses armoiries, ici celles de quelques corporations louhannaises
(gravure extraite de Armoiries et familles de la Bresse louhannaise, Lucien Guillemaut).

 

A l’origine de l’impasse des Lorettes et de la montée Saint-Claude…   11 juin 2010
Hormis les chapelles sises en l’église de Louhans, trois autres existaient autrefois à l’extérieur des murs de la ville dont deux marquent encore la toponymie actuelle.
Du côté de Bram, ont été fondées en 1622 par Melchior Clerguet, curé de Louhans, les chapelles Saint Roch et Saint Claude : l’existence de cette dernière transparaît encore à travers le nom du quartier Saint Claude sur les hauteurs de Louhans.
Au siècle précédent, c’est la chapelle Notre-Dame des Lorettes qui fut bâtie dans les faubourgs des Bordes avant d’être détruite à l’époque révolutionnaire : ses ornements intégrèrent la chapelle Notre-Dame de l’église alors que les matériaux et le terrain furent acquis par un bourgeois. Seule la toponymie garde actuellement le souvenirs de ces chapelles dites « rurales » car construites au-delà des murs d’enceinte de la ville.
D’autres bâtiments étaient construits à bon escient à l’extérieur de la ville, à l’image de l’Hôtel-dieu dont nous aurons l’occasion de reparler, ou encore de couvents comme celui des Cordeliers dont le souvenir reste aujourd’hui  avec la « Promenade des Cordeliers », rue longeant le canal…
Pour terminer cet aperçu de la relation à la religion dans une cité telle que Louhans aux siècles précédents, quelques chiffres : du 13ème au 17ème siècle, 709 fondations eurent lieu et en 1664, ce sont 6 246 messes qui furent dites à Louhans, dont 3 316 à voix haute ! Dévotion extrême ou peur de l’Enfer et omnipotence du clergé ?...     

       

 Sur ce plan de Louhans au 17ème siècle, le couvent des Cordeliers et la chapelle des Lorettes sont bien visibles
(gravure extraite de L’Histoire-Album de la Bresse Louhannaise, Lucien Guillemaut, 1911).

 

Quelques curiosités pour terminer… (1/2)  18 juin 2010
Pour terminer notre « étude » de l’église de Louhans, citons quelques curiosités visibles encore de nos jours.
Son orientation est celle classique de l’époque médiévale : sa façade est à l’ouest et son chevet à l’est, du côté de l’Orient, d’où vinrent les apôtres et la lumière de l’Evangile selon la tradition chrétienne.
Cet édifice a la particularité d’être composé de deux bâtiments accolés, possédant chacun sa propre entrée dans l’axe de chacune des nefs : la chapelle des seigneurs et l’église paroissiale Saint Pierre à proprement parler.
La première, moins longue, voit son entrée surmontée d’un linteau portant les armes de la ville dans un décor flamboyant. A l’intérieur, à la naissance des voûtes, des mascarons grimaçants, figures plus ou moins fantaisistes s’offrent aux regards des fidèles et des visiteurs, richesse de la création artistique des 14ème et 15ème siècles.
Certains portent les blasons des familles seigneuriales d’autrefois, d’autres évoluent dans un décor végétal mais le plus curieux de ces chapiteaux est sans conteste le troisième en partant de la droite. Il représente trois figures de chanoines (reconnaissables aux cols encadrant leur menton) : seuls quatre yeux sont présents pour l’ensemble du groupe, le personnage du centre prêtant les siens à ses voisins de droite et de gauche…

       

 Etonnant et déroutant ce mascaron visible dans la nef de la chapelle des seigneurs de l’église de Louhans.
Les armes de la ville de Louhans accueillent les fidèles sur le parvis de la chapelle des seigneurs  de l’église de Louhans.

 

Quelques curiosités pour terminer… (2/2)    25 juin 2010
L’entrée de la chapelle est surmontée du clocher de l’ensemble de l’édifice. Auparavant, ce dernier était situé à la croisée, au centre du bâtiment, et fut pendant un temps de type comtois. Le clocher tel que nous le connaissons actuellement date de 1883.
Il est composé d’une haute tour carrée en briques rouges  renforcée de pierres de taille aux angles. La flèche est hexagonale et recouverte de tuiles vernissées. Ce décor était très courant du 14ème au 17ème siècle, notamment en Bourgogne, province où il fut le plus couramment utilisé. Une aiguille surmontée d’un coq couronne le tout.  
Les quatre faces de la tour présentent un cadran horloge surmonté d’une frise à jour faisant le tour du clocher que l’on peut lire ainsi : « Ave Maria Gratia Plena Dominus Tecum ». Cet ornement, déjà présent sur la tour précédente, a été replacé ici et reprend la première phrase de la salutation angélique : elle marque l’importance du culte marial aux 14ème et 15ème siècle, époque de sa mise en place originelle.
Cette frise est entourée aux quatre coins de gargouilles figurant des têtes de loup. L’une de celles d’origine, datant de 1526, a été déposée en 1883 : elle est présentée à l’entrée de la chapelle des seigneurs est fait partie des collections du musée municipal.
On raconte qu’il est de tradition de placer sa main dans la gueule de la bête de pierre… A vos risques et périls : les menteurs ne pourraient retirer leur bras…  

       

 La gueule de la gargouille est prête à recevoir les bras des Bressans et touristes n’ayant pas peur d’y laisser leurs mains...