Traditions Bressanes / Lieux de mémoire, mémoires des lieux…
La promenade des Cordeliers 6 août 2010
Si
à la sortie des arcades, côté porte du Jura, le flâneur s’engage à droite, il
prend la direction de la Promenade des Cordeliers. Cette rue longe ce que les
Louhannais ont pris l’habitude d’appeler « le canal » mais qui est en fait un
ruisseau qui fut recreusé et relié à la Vallière par un canal au 17ème
siècle afin de faire tourner le moulin dit de « de la Sâle » évoqué la semaine
dernière.
Cette dénomination de « promenade » nous rappelle qu’à l’origine
cet espace était bordé d’une rangée de tilleuls plantés en 1772 destinée à abriter
les promenades des Louhannais. En parallèle, de l’autre côté des arcades, une
autre promenade a été aménagée de même dans les années 1784 après l’assèchement
du pré du Breuil : ce lieu portait le nom de « Promenade de la Charité ».
La
Promenade des Cordeliers reliait plus particulièrement deux édifices religieux
: l’Hôtel-dieu et le couvent des Cordeliers, situé à l’extrémité de la promenade
et abritant une communauté de frères dits « cordeliers ». Ces derniers étaient
des franciscains devant leur nom à la particularité de leur habit qui était
« de cordes lié ». En effet, ces moines portaient sur leur robe de bure brune
ou grise, une grosse corde en guise de ceinture. En 1789, il existait 284 couvents
de Cordeliers en France : tous furent fermés l’année suivante. Celui de Louhans
avait fermé ses portes quatre années plus tôt, en 1786.
A l’extrême droite de ce plan de Louhans à l’époque
révolutionnaire apparaît encore le couvent des Cordeliers
(gravure extraite
de L’Histoire-Album de la Bresse Louhannaise, Lucien Guillemaut, 1911).
La tour Saint Paul 13 août 2010
Quasiment
face au buste de Ferdinand Berthier, de l’autre côté de la rue Guigot, se dresse
la tour Saint Paul.
Une carte postale du début du 20ème siècle nous présente
la vieille dame cachée derrière une petite baraque, une palissade en bois et
un imposant lierre ayant investi ses murs. A l’étage de la tour, un rideau à
carreaux habillant la fenêtre principale du bâtiment laisse supposer son occupation...
Aujourd’hui,
la tour semble bien nue, nous présentant ses cicatrices laissées notamment par
les petites constructions annexes l’ayant entourée au fil des siècles. Des meurtrières
sont toujours là, dans la partie supérieure de la construction alors qu’au faîte
de la toiture un épi branlant donne un caractère encore plus fantomatique à
la tou… Un grillage barre désormais toute approche alors que deux pancartes
se détachent de la façade : un panneau historique explicatif bleu et un autre
beige portant l’inscription : « Ville de Louhans – Tour Saint Paul – Chantier
de rénovation en cours »…
Unique vestige, avec la tour Saint Pierre située
Rue des Dôdanes, des remparts ceinturant autrefois la cité, la tour Saint Paul
fut (comme nous l’apprend le panonceau bleu) « construite ou reconstruite à
la fin du 17ème siècle, lorsque la muraille, en place depuis la fin du 13ème,
fut restaurée et renforcée ».
Espérons qu’elle connaisse désormais la même
heureuse destinée que la tour Saint Pierre, aujourd’hui rénovée et accueillant
l’association culturelle ARTS…
C’est un sentiment étrange qui se fait jour fasse à la tour Saint Paul : prestance mêlée de fragilité…
L’hôtel-Dieu de Louhans (1/2) 20 août 2010
Entre
la tour Saint Paul et la Promenade des Cordeliers, le promeneur ne peut qu’admirer
l’imposant bâtiment se présentant à sa droite, et dont l’adresse officielle
est le 3, Rue du Capitaine Vic : l’hôtel-Dieu de Louhans.
Les premiers hôtels-Dieu
apparaissent en France au 7ème siècle : sis à l’ombre des cathédrales et dépendant
de l’évêque, ces bâtiments sont sans doute destinés, au départ, à accueillir
les pèlerins et à évangéliser les visiteurs. Peu à peu, cette fonction hospitalière,
au sens premier du terme c’est-à-dire « offrir l’hospitalité », se transforme
en fonction hospitalière, telle qu’on la connaît aujourd’hui : les hôtels-Dieu
deviennent des hospices et hôpitaux accueillant vieillards, malades et nécessiteux.
Un
hôtel-Dieu existe à Louhans dès le 15ème siècle et l’on sait qu’en 1625 il est
transféré dans une petite maison près de l’église Saint Pierre. Dans la mouvance
de la Contre-réforme incitant à la charité, il est proposé d’édifier un nouveau
bâtiment « à l’entrée du Champ de Paradis, sur le bord du fossé et de la rivière
de la Salle »*. Les bourgeois de Louhans font alors preuve de générosité à l’image
de Jean-Baptiste Vitte, chanoine, proposant de léguer tous ses biens à la fondation,
ou de David Bourgeois, avançant la somme nécessaire à la réalisation des premiers
travaux.
L’hôtel-Dieu de Louhans vu depuis la Rue Guigot.
(L’Hôtel-Dieu
de Louhans, Région Bourgogne, service Patrimoine et Inventaire, Dijon, 2009.)
De l’hospice au musée (2/2) 27 août 2010
C’est
en 1689 que Louis XIV, par lettre patente, approuve la reconstruction de l’hôtel-Dieu
de Louhans. Par cet acte faisant état d’un droit perpétuel, le roi permet à
l’établissement de recevoir des dons en nature ou en numéraire, éléments indispensables
au fonctionnement du site.
Le bâtiment est destiné à « recevoir, nourrir
et médicamenter les pauvres malades »*, tout en les mettant en relation directe
avec Dieu : hormis les salles des malades et les pièces fonctionnelles, une
chapelle est élevée et consacrée peu de temps après la construction de l’édifice
qui revêtait alors un autre aspect et un autre plan que celui visible actuellement.
C’est grâce à des dons que l’institution fonctionne, et notamment grâce
à des « fondations » : des personnes physiques ou morales (comme les communes)
pouvant faire faire un ou plusieurs lits à l’hôtel-Dieu, accroissant ainsi sa
capacité d’accueil. Notons au passage que la proximité du canal est à mettre
en relation avec les importantes lessives de draps et autres effets à effectuer
assez régulièrement.
A l’origine, les services, l’entretien et les
soins dispensés au sein de l’hôtel-Dieu étaient faits par « les filles dévotes
de la ville »* : afin de renforcer la présence religieuse, il est décidé en
1688 que ce soient des sœurs qui tiennent désormais l’édifice, et ce jusqu’à
ce que l’hôtel-Dieu ferme ses portes en 1977. Depuis, l’hôtel-Dieu est devenu
un musée : des visites guidées permettent de découvrir son histoire et ses splendeurs.
La cour de l’hôtel-Dieu du côté de la Rue du Capitaine Vic. (L’Hôtel-Dieu de Louhans, Région Bourgogne, service Patrimoine et Inventaire, Dijon, 2009.)