Traditions Bressanes / Croyances et superstitions
Les pèlerinages liés au culte marial en Bresse 4
avril 2009
Hormis ces grottes que l’on pourrait surnommer des « Lourdes
de chez nous », le culte marial se traduisait au sein de chapelles ou d’églises
à commencer par celui qui avait cours à Cuisery.
Très populaire, le pèlerinage
à Notre-Dame de la Chaux est vieux de plusieurs siècles puisque l’on sait que
la chapelle et la statue de la Vierge d’origine ont été détruites au 15ème siècle.
La statue présentée actuellement date du 16ème siècle et la chapelle fut reconstruite
aux 18ème et 19ème siècles. Le pèlerinage d’origine avait lieu le 8 septembre
puis a été décalé au dernier dimanche du même mois. Les mères y venaient pour
guérir leurs enfants et ce jusque dans les années 1950. On venait à Cuisery
pour soigner fièvre et maux d’estomac et on faisait boire l’eau de la source
aux enfants pour qu’ils marchent de bonne heure. On dit également que les femmes
enceinte assistant au pèlerinage mettraient au monde un enfant aux cheveux
frisés.
A Cormoz, on invoque Notre-Dame du Prompt-Secours à la chapelle de
Bellor le premier dimanche de mai et de septembre pour la guérison des maladies.
Si le pèlerinage est connu depuis le 17ème siècle, la chapelle n’a été construite
que par la suite. On raconte que le seigneur de Foissiat traversant un bois
au sud de Cormoz fut stoppé par sa monture qui refusait d’avancer. C’est alors
qu’il découvrit la statuette de la Vierge dans le creux d’un vieux chêne : il
promit de construire un oratoire pour elle s’il retrouvait son chemin. Cette
Vierge était connue des paysans habitant les hameaux alentours, bien loin de
l’église paroissiale : ils se rendaient ainsi auprès d’elle pour faire leur
dévotion.
La chapelle d’origine fut détruite pendant la Révolution puis restaurée
et agrandie au début du 19ème siècle. La chapelle actuelle fut érigée après
la guerre de 1870 pour remercier la Vierge d’avoir protégé la région des Prussiens.
On y venait en pèlerinage du nord de l’Ain et du sud de la Bresse louhannaise
(Montpont, varennes, Romenay…).
On rapporte que les pèlerins emportaient des fragments de la statue des la Vierge de Bellor pour guérir les malades.
Encore des pèlerinages liés au culte marial en Bresse… 11
avril 2009
Continuons notre tour d’horizon des lieux sacrés bressans
dédiés à la Vierge Marie en allant à Charrette. On priait Notre-Dame pour les
malades et on venait en procession en sa chapelle pour les récoltes. C’est le
seigneur du lieu qui fit élever une chapelle à son retour de croisades : différentes
chapelles dédiées à Notre-Dame de la Pitié se succédèrent jusqu’à ce que la
dernière soit définitivement démolie en 1920. La statue quant à elle rejoignit
l’église de la commune.
A Saint-André-en-Bresse s’est tenu un pèlerinage
consacré à Notre-Dame de la Pitié jusque dans les années 1980. Dès le début
du 18ème siècle, une statue abritée dans une chapelle rurale était l’objet de
dévotion : elle fut descendue dans un puits en 1793. On raconte que le petit
oratoire visible dans le cimetière de la commune a été érigé sur ce puits.
A
Damerey, près de Saint-Martin-en-Bresse, on invoque depuis le 15ème siècle Notre-Dame-des-Neiges
pour atténuer les maux d’yeux et pour trouver un époux. On raclait même la pierre
du socle pour en absorber la poussière à laquelle on attribuait des vertus miraculeuses.
A Sens-sur-Seille, au hameau de Visargent, on adorait Notre-Dame de la Chesnaye.
Au 19ème siècle, une bergère découvrit la statue de la sainte dans un buisson
: elle la porta en la chapelle du château mais cette dernière revint à sa place.
C’est ainsi que l’on fit ériger au lieu même de sa découverte une petite chapelle
: d’un accès difficile, en 1958, le curé de la paroisse fit ériger un oratoire
plus accessible le long de la route de Saint-Germain-du-Bois.
Enfin, près
de Cousance, c’est Notre-Dame du Chêne que l’on prie à la chapelle du Bois Brûlé
où repose une statue achetée à Rome au cours d’un pèlerinage au 18ème siècle.
Placée dans une niche champêtre, on lui érigea par la suite une chapelle qui
fut remplacée par une autre en 1901 où sont exposés de nombreux ex voto en remerciement
de grâces accordées.
La chapelle du Bois Brûlé où se trouve la statue de Notre-Dame du Chêne est, de nos jours, l’occasion de balades mais aussi de dévotion.
Les Vierges « à répit » 18
avril 2009
La Bresse compte quelques chapelles ou statues particulières,
dites « à répit ».
Selon la croyance populaire, le « répit » est, chez un
enfant mort-né, un retour temporaire à la vie le temps de lui conférer le baptême
avant la mort définitive. Ayant été baptisé, l’enfant pourra de ce fait entrer
en paradis au lieu d’errer éternellement dans les limbes où il serait privé
de la vision de Dieu. Mais le répit n’est possible qu’en certains sanctuaires,
le plus souvent consacrés à la Vierge dont l’intercession est nécessaire pour
obtenir un miracle.
L’enfant mort-né est souvent apporté dans les heures
suivant l’accouchement, généralement par le père accompagné d’un ou plusieurs
voisins. Arrivé au sanctuaire, le corps de l’enfant est déposé devant l’autel
de la Vierge, priée avec ferveur par tous les assistants, auxquels se joignent
généralement un ou plusieurs prêtres attachés au sanctuaire.
On guette le
moindre signe pouvant faire croire à un retour temporaire à la vie : coloration
du visage, émission d’un souffle, bruit en provenance du petit corps, apparition
de quelques gouttes de sang aux narines… Si un de ces événements survient, l’enfant
est immédiatement baptisé par un des prêtres présents.
La mort définitive
survient peu après, mais l’assistance est soulagée : l’âme de l’enfant est désormais
en paradis. Après la « seconde mort » le petit cadavre est inhumé sur place.
Dans certains endroits, un coin particulier du cimetière est consacré aux enfants
ayant bénéficié d’un répit.
Les archives des sanctuaires à répit les plus
célèbres ont conservé des centaines de témoignages de ces faits jugés miraculeux,
consignés par des prêtres. Il ne semble pas qu’il y ait eu supercherie ou hallucination
collective dans ces récits, mais interprétation erronée de phénomènes physiques
dus au processus de décomposition des petits cadavres bien étudié par la médecine
légale du 19ème siècle. Pour les témoins, quelque chose d’extraordinaire se
produisait.
Face
à une forte mortalité infantile, il était très important pour les parents que
leur enfant soit baptisé : les vierges à répit étaient l’occasion de « ranimer
» le corps avant le trépas.
Les chapelles « à répit » en Bresse 25
avril 2009
Parmi la vingtaine de lieux recensés en Saône-et-Loire
dits « chapelles à répit », certains se trouvent dans notre région à l’image
de Notre-Dame de Bon Rencontre à Nanc près de Saint-Amour ou de Notre-Dame Miraculeuse
(ou de l’Isle) à Bletterans. On rapporte encore que dans la chapelle seigneuriale
de Sainte-Croix, la statue de Notre-Dame de Pitié aurait ressuscité un bébé
au 17ème siècle juste le temps de la baptiser.
Mais la plus célèbre des vierges
à répit bressane est sans conteste la vierge noire de Notre-Dame du Noyer à
Cuiseaux. On raconte qu’en 1249, un berger découvrit une statue de la Vierge
Marie au pied d’un noyer : on la porta en l’église du village mais le lendemain
elle était de retour auprès de son noyer. Le seigneur de Cuiseaux, Jean de Chalon,
fil alors construire une chapelle en ce lieu. On rapporte encore que la statue
y fit jaillir une source miraculeuse guérissant les maladies des yeux.
La
statue, qui est une vierge noire, se trouve actuellement en l’église de Cuiseaux
où la chapelle à gauche lui est consacrée dont les murs sont recouverts d’ex
voto puisque, surtout au 18ème siècle, on lui attribue divers miracles : protection
contre la peste et la variole, contre la sécheresse, et même contre l’invasion
des Prussiens. Toujours invoquée de nos jours, on allait surtout la voir en
tant que Vierge « à répit » : on lui attribue d’avoir redonner vie à 63 enfants
mort-nés entre 1702 et 1867.
Enfin, on faisait également référence à Saint
Vit (ou Vite) pour ranimer les enfants afin de leur administrer le sacrement
du baptême comme ce fut le cas en l’église de Mouthier-en-Bresse. Les dons du
saint sont facilement compréhensibles : pour ranimer un corps on prononçait
le nom du saint à répétition « Vit, Vit, Vit… » censé redonner vie…
Les
vierges noires devraient leur couleur à la matière dans laquelle elles sont
fabriquées.