Les pratiques liées à la Semaine Sainte
La Semaine Sainte, annonçant les fêtes de Pâques et la fin du Carême était l’occasion de pratiques religieuses répandues en Bresse.
Le Jeudi Saint, il était d’usage de bénir les enfants après la célébration d’un office spécial où ils étaient conduits en grande pompe et en belle toilette. Beaucoup de femmes portaient un panier d’œufs pour les bénir et en faire les œufs de Pâques ; naturellement, elles en laissaient quelque uns au curé : cela était censé protéger les poules pendant l’année. Le même jour, les femmes, les jeunes filles, les enfants allaient à tous les autels visiter les reposoirs ou paradis. En effet, on avait l’habitude de dresser un reposoir à l’église et un autre à l’extérieur : les fidèles prenaient part à une procession et les visitaient.
Après l’office du matin du Jeudi Saint, les cloches ne tintant plus, on disait aux enfants qu’elles étaient parties pour Rome pour y recevoir la bénédiction du Pape, et c’était pour cela que jusqu’au samedi, on ne les entendait plus. A leur retour, elles apportaient des œufs aux enfants : dans certaines maisons, les œufs trouvés par les enfants étaient cuits à l’eau avec des peaux d’oignons pour les colorer.
Les enfants, à la ville comme à la campagne, à l’issue de l’Office des Ténèbres qui se célébrait les trois derniers jours de la Semaine Sainte, sortaient de l’église en agitant divers moulinets de bois, qui produisaient beaucoup de bruit, et couraient dans les rues. Dans quelques paroisses de Bresse, les plus grands enfants portaient à l église, le Vendredi Saint, un grand bâton bien tourné, bariolé et fendu à l’une de ses extrémités en quantité de petits morceaux : c’était porter les ténèbres. Une fois ces bâtons bénis et après la cérémonie, les petits garçons brisaient ces rotins au sol, et c’était à qui frapperait le plus fort. Les femmes en ramassaient les morceaux qu’elles emportaient précieusement, car lorsque l’orage grondait, elles y trouvaient l’avantage, en en jetant un dans le foyer, de garantir de la foudre. Le jour du Vendredi Saint, dans l’église, le clergé et les fidèles s’arrêtaient pour prier devant chaque tableau du chemin de croix.
Les œufs de Pâques
Reprenons les traditions associées à Pâques là où nous les avons laissées la semaine dernière…
Les grands garçons, ceux de seize à dix-huit ans, faisaient les deux derniers jours de la semaine, la quête des œufs, de maison en maison ; ils en amassaient un certain nombre qui allaient être leurs œufs de Pâques et leur permettre, avec quelques sous également recueillis, de passer joyeusement la journée de cette grande fête. C’était une façon de célébrer la fin du Carême, pendant lequel les œufs étaient interdits et de fêter ainsi leur retour.
Le même motif faisait distribuer le jour de Pâques, aux enfants, des œufs peints de diverses couleurs, bariolés de dessins. On s’envoyait aussi, entre parents, amis et voisins, ces œufs de Pâques, dont l’usage était l’occasion de réjouissances domestiques. On sait que, jusqu’au XVI° siècle, Pâques coïncida avec le nouvel an. A cette occasion, on avait l’habitude de se féliciter et s’offrir des cadeaux : c’est là probablement l’origine de cet usage.
En même temps, la longue abstinence du Carême faisait retrouver un nouveau plaisir aux mets dont on avait été privé ; on se décarêmait volontiers, lorsqu’on le pouvait, avec un bon jambon couronné de lauriers et de fleurs, que l’on avait fait préalablement bénir à l’église. Les pâtés de Pâques faisaient aussi partie du festin des plus riches. Une fête si importante que celle-ci pour la religion catholique, Pâques, ne pouvait pas ne durer qu’un jour : les réjouissances et les fêtes continuaient le lundi de Pâques, et souvent encore le jour suivant.
Si la fête de Pâques a un sens religieux profond pour les religions chrétienne et juive, Pâques est aussi une fête païenne célébrant le printemps et le renouveau. La "fête du printemps" trouve son origine dans les traditions pré chrétiennes qui fêtaient le renouveau et la renaissance .La légende la plus connue est celle de la Grèce ancienne selon laquelle le printemps était le retour sur terre de Perséphone fille de la déesse de la terre. Selon la légende, Perséphone entrée aux enfers ne pouvait plus en repartir. Sa mère se désespérant décida de semer la désolation sur terre jusqu'au retour de sa fille. Finalement un accord fut trouvé entre le dieu des enfers et la déesse de la terre. Perséphone devrait partager son temps entre la terre et ses entrailles. Les mois d'hivers symbolise la tristesse et la désolation de la terre devant cette absence et le printemps symbolise le retour de la fille aimée et donc de la vie sur terre. D'autres légendes antiques fonctionnent autour du même thème, l'équinoxe de printemps coïncidait avec le retour d'une divinité sur terre, ou avec le réveil d'une divinité.
Adeline Culas