Extrait de l'Indépendant, mardi 7 avril 1998
Le fameux quatrième mousquetaire, originaire de la région d'Auch, peut-être Lupiac, s'est marié avec Anne-Charlotte Boyer de Chanlécy, baronne de Sainte-Croix, le 5 mars 1659 et en a eu deux fils : Louis de Batz (1660-1709) et Louis de Batz ! (1661-1714).
Leur descendance ne s'est jamais interrompue jusqu'à aujourd'hui où les trois derniers rejetons mâles de la noble lignée de D'Artagnan, âgés de 12 à 2 ans et dénommés de Bats, coulent des jours heureux à Port-de-Bouc.
A noter : Bats serait un mot d'origine gascone signifiant la vallée, et Artagnan devrait à Artos, l'ours, d'étymologie gallo-romaine, son patronyme.

Extrait de l'Indépendant, 2 mai 1998 
Le docteur Maurice de Bats, son fils Roland et l'association bourguignonne « D'Artagnan », reçus très officiellement à la mairie d'Auch. Photo « La Dépêche ».
Victor Réchou.
Le Gers recevait ce week-end l' association D'Artagnan... venue de Bourgogne sur les traces du mousquetaire. Des cousins par alliance, le cadet ayant épousé une dame de Sainte-Croix, aujourd'hui en Saône-et-Loire. Histoire de famille
Tout Gersois qui se respecte sait que le Gascon le plus célèbre est mort au siège de Maastricht. Malgré une vieille querelle d'historiens, il accepte communément que Castelmore soit la demeure natale du cadet Charles de Batz. Mais quid de son mariage ? Ce sont les cousins et descendants directs de Madame veuve d'Artagnan qui sont venus, samedi, rafraîchir notre mémoire. Tous épris d'histoire et de littérature, au point de vouloir renouer des liens familiaux dont s'est bien peu soucié. en son temps. le mari mousquetaire.
Venus de Bourgogne, pays natal de Charlotte-Anne de Chanlecy. baronne de Sainte-Croix, près de Louhans, ils ont fait étape à Auch et Castelmore à la recherche de cet époux qui passa le plus clair de son temps dans l'ombre de Louis XIV plutôt qu'au foyer conjugal.
Un célibataire endurci et une  jeune veuve
On sait en effet que. pour « le capitaine-lieutenant de la première compagnie des mousquetaires de la garde du roi.le service du roi passait avant tout ».
C'est d'ailleurs en accompagnant celui-ci à Lyon, en 1658, pour y rencontrer Marguerite de Savoie, pressentie comme future reine. que le comte d'Artagnan croisera la soeur du gouverneur Chanlecy. Le Gascon a déjà 45 ans. Charlotte-Anne en a 35 elle est veuve. sans enfants et très riche. Ils convolent en justes noces en avril 1659, le contrat de mariage étant placé sous le haut patronage du roi, rien de moins !
Mais Louis lorgne déjà versl'infante d'Espagne, entraînant dans un très long voyage vers Saint-Jean-de-Luz son « tour opérateur » et « flic numéro un » de la sécurité : d'Anagnan. Le mousquetaire est peut-être quelque part sur ses terres armagnacaises quand vient au monde son premier fils, à Paris.
La vie de famille et la raison d'Etat ne font pas bon ménage. Le couple bat de l'aile et, lorsque naît un second fils, en juillet 1661. Charlotte-Anne a carrément quitté Paris pour retrouver sa Bourgogne. La rupture est consommée
De royaux héritiers
Ce n'est qu'un an après la mort de d'Artagnan que les deuxgarçons « recevront le baptême à Versailles, sur ordre de Louis XIV et des mains de Bossuet ». Ils ont déjà 14 et 13 ans. Les deux sont prénommés Louis en raison de leurs royaux parrains et marraines : le roi et la reine pour l'aîné : le dauphin, Louis de Bourbon, et la Grande Mademoiselle, pour le plus jeune. Et leur éducation sera royalement dotée.
Lorsque Mme d'Artagnan décède, en 1714, une sombre histoire d'héritage sépare les deux frères. L'aîné revient à Castel-more, où il mourra à 94 ans, célibataire et sans enfants.
Le second fera carrière entre Paris et la Bourgogne, où il se mariera. laissant deux enfants « dont la descendance se poursuit jusqu'à nos jours »... entre Saône et Rhône.
Tel est le pan d'histoire du cadet de Gascogne que les cousins de Bourgogne. dont le docteur Maurice de Bats et son fils Roland. sont venus ranimer, dans le Gers, dans le but de promouvoir l'histoire et le patrimoine. Trois cent quarante ans après. voilà un mariage dont on n'a pas fini de parler !

Extrait de la dépêche du Midi, 5 mai 1998
Le Dr Maurice de Bats et son fils Roland, derniers descendants de d'Artagnan, étaient à Auch ce week-end, avec une association bourguignonne qui cultive elle aussi le culte du célèbre mousquetaire
Le Dr Maurice de Bats a longtemps bataillé, jusqu'à la reconnaissance officielle par le Conseil d'État de sa qualité de descendant de Charles de Bats, alias d'Artagnan.
Ce week-end, Maurice de Bats était à Auch. avec l'un de ses deux fils, Roland. 39 ans, pour un retour aux sources davantage touristique qu'historique.
« C'est la troisième fois que nous venons » raconte Roland. qui n'est en fait pas le dernier du nom, puisque ses trois neveux, Antonin, Clément et Gaspard.âgés dle 7 à12 ans, forment un beau trio de petits mousquetaires.
Pour notre premier séjour,nous sommes venus en simples curieux. La deuxième fois, c'était pour consulter les archives départementales et municipales, afm de retrouver des traces de notre ancêtre ».
ARMOIRIES
Cette fois-ci, les de Bats sont venus sous bonne "escorte", accompagnés d'une vingtaine de membres de l'association "d'Artagnan" et plus précisément de sa section "troisième compagnie"
Vêtus du chapeau et de la cape bleue, et leurs dames en robes d'époque...ils ne sont pas passés inaperçus samedi matin aux alentours de la cathédrale.
Ils ont tous ensuite été reçus par le député-maire, dans la salle des Illustres, où ils ont offert à la ville un bas-relief représentant les armoiries du lieutenant-capitaine d'Artagnan.
Deux tours et deux aigles, le tout coiffé de la couronne de Louis XIV.
"Vous, vous avez l'homme... Et nous la femme" explique en souriant Roger Trolliet, le président de l'association.
En effet, l'épouse de d'Artagnan, Anne-Charlotte de Chanlecy est enterrée dans son château, à Sainte-Croix, où siège l'association.
« Nous avons voulu refaire vivre le patrimoine de notre village. Notre association est aussi culturelle, avec un clin d'oeil à Dumas, d'où notre devise: "Par la plume et avec panache" ... ajoute Roger Trolliet
CIRCUIT TOURISTIQUE
C'est à Sainte-Croix que naquirent les deux fils de d'Artagnan, tous deux prénommés Louis. Baptisés par Bossuet, ils eurent pour parrains le roi lui-même et le dauphin, ainsi que des marraines tout aussi prestigieuses, en la personne de la reine et de la Grande Demoiselle. Louis XIV pourvut à leur éducation après la mort de d'Artagnan, preuve s'il en est besoin des liens qui le liaient avec son lieutenant-capitaine.
La visite auscitaine était aussi un premier pas dans un vaste projet qui tient à coeur à l'association :organiser un circuit de tourisme historique, à travers toute la France, sur les traces de d'Artagnan. Le Gers, terre natale de Charles de Bats, figurerait évidemment en bonne place, ainsi que le château de son épouse, en Bourgogne, mais également la ville de Lille, dont il était gouverneur et méme Paris, où il était domicilié rue du Bac.
UN NOM COMME UN AUTRE
Pour Roland de Bats, son patronyme ne pose pas de problème de conscience. "Tout le monde a un nom et tous les noms sont honorables. Je ne tire aucune fierté particulière du mien. Je ne m'appellerais pas ainsi, cela ne changerait rien."  Après tout, se présenter comme "de Bats" ne fait pas forcément tilt chez l'interlocuteur...
Pas plus que les "Poisson" s'entendent demander s'ils descendent hien d'uneJeanne-Antoinette Poisson, plue connue sous l'appellation "marquise de Ponnaulour".
D'ailleurs Roland s'amuse en se souvenant de ses années lycéennes, "où ils n'ont jamais vraiment su comment je m'appelais. Parfois, c'était "Bats" tout court, ou "de Bats de Castelmore" ou "BatsCastelmore", sans compter toutes les variantes avec un "z" à la place du "s". J'ai même des papiers officiels où c'est écrit "de Batz" et d'autres "de Bats". Seulement, en arrivant en terminale, ils m'ont demandé de choisir une orthographe une bonne fois pour toute l'année... Histoire que ce soit bien moi qui ait mon bac !
Il est vrai qu'a l'époque de d'Artagnan, un "s" ou un "z" n'avait pas d'importance... Et cela n'a sans doutejainais empêché le facteur de lui porter son courrier rue du Bac à Paris.
PASSION DE L'HISTOIRE
En revanche, le patronyme de Roland a déclenché chez lui la passion de l'Histoire et plus particulièrement pour la période où vécut son ancêtre, onze générations plus tôt. Le nez dans les livres, les archives ou les lettres de Madame de Sévigné, Roland a obtenu l'assurance que d'Artagnan était plutôt à classer dans la catégorie des "bons"
que des "méchants" ... "D'ailleurs. aucun de ses prisonniers, comme Fouquet ou le comte de Lauzun, ne s'est jamais plaint de lui. Il était honnête et dévoué. Et, s'il était criblé de dettes, c'est parce qu'il dépensait tout son argent afin que sa compagnie de mousquetaires soit la plus prestigieuse possible, avec les meilleurs chevaux et la plus belle prestance".
Un défaut bien connu de son épouse... qui a pris soin d'obtenir un contrat de mariage » en "biens séparés" et ne s'engageant nullement sur les dettes de son mousquetaire de mari.


Roland de Bats, entouré des mousquetaires de l'association bourguignonne « d'Artagnan » et de Jean Chazottes qui les a guidés (Photo Jcan.Ciewle Gee)